Amadou Ba, le Premier ministre du Sénégal, va porter la candidature de la grande coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar (BBY) à l’élection présidentielle du 24 janvier. Il a eu ce privilège par un choix de l’actuel chef de l’État Macky Sall, qui ne peut plus participer à cette joute, ayant épuisé le nombre de mandats que la constitution lui permet.
Le candidat de la majorité porte aujourd’hui sur ses épaules l’espoir de près d’une centaine de partis politiques et de mouvements citoyens dans la coalition BBY. Mais ce technocrate devenu homme politique à l’image de l’ancien président du Sénégal, Abdou Diouf, a-t-il les épaules larges pour endosser toute cette responsabilité ? Sur sa formation, nul doute que le candidat de la majorité a ce qu’il faut pour devenir président de la République au Sénégal, car son cursus plaide largement en sa faveur. Mais pour devenir président de la République, il faut d’abord gagner la présidentielle, et c’est là le plus difficile.
De nature réservée et très calme, Amadou Ba a un problème de discours à tenir aux Sénégalais. Il sait que la jeunesse veut, en majorité, du nouveau dans la gestion des affaires et dans l’orientation des politiques publiques. Mais comment leur dire qu’il fera autre chose que Macky Sall, sachant que c’est lui qui dirige actuellement le gouvernement de ce dernier ? De plus, le candidat de la majorité est l’artisan du Plan Sénégal Émergent (PSE), ce programme qui guide la vision de Macky Sall pour le Sénégal d’ici 2035. Amadou Ba est l’incarnation même de la vision de Macky Sall, donc comment peut-il se démarquer de celui-ci, au risque de se contredire et de proposer quelque chose de nouveau ?
Les soucis du candidat de la majorité concernent aussi cette contestation au niveau interne de BBY. Le choix de Macky Sall n’a pas fait l’unanimité, c’est peu de le dire, car après seulement l’annonce que c’est Amadou Ba qui va diriger la coalition, trois ténors ont claqué la porte (Aly Ngouille Ndiaye, ancien ministre de l’Intérieur, Mame Boye Diao, Mouhamed Boun Abdellah Dione, ancien Premier ministre) et ont tous déclaré leur candidature. À cela s’ajoutent les « mécontents silencieux » dans la coalition : Mame Mbaye Niang, Souleymane Jules Diop, Abdoulaye Daouda Diallo, etc.
C’est un dilemme plus que cornélien auquel Amadou Ba doit faire face et résoudre avant un temps record de 40 jours qui nous sépare de la présidentielle.