La communauté universitaire est frappée, ce vendredi 06 septembre 2024, par un deuil. En effet, Ndukur Kacc Ndao est décédé des suites d’une crise cardiaque provoquant ainsi une onde de choc parmi ses proches, ses collègues et tous ceux qui ont eu le privilège de le connaître.
Cependant, trois jours avant son décès, l’anthropologue avait écrit un post intéressant sur sa page Facebook intitulé « L’Arabie Saoudite, le Wahabisme, le Rigorisme religieux sanguinaire et les nouvelles lignes de masse » . Voici l’intégralité de sa publication !
« L’Arabie Saoudite, une monarchie en pleine transition connue pour son rigorisme sanguinaire. Une monarchie du sabre pour les opposants et de Cadillac pour ses princes baroques à souhait autour de cette détestable famille des Saoud usurpatrice de surcroît. Un rigorisme appliqué aux autres mais pas aux Américains. Il y a quelques années, Mme Trump s’était permise même d’être sans voile et de saluer en main propre le roi. Il est vrai que le nouveau prince autorise des pratiques jadis non autorisées. Entre le cinéma et la conduite des femmes en passant par la professionnalisation accrue du championnat de football, MBS va plus loin dans sa politique libérale aux antipodes des logiques islamiques hypocritement affichées.
Cette monarchie réactionnaire distribuait des centaines de milliards de USD de contrats pour Trump, un des plus grands insulteurs des musulmans. Au Yémen, ils tuent femmes et enfants sans distinction. Plus de 400.000 morts dont 11.000 enfants et des centaines d’Éthiopiens. C’est ce même régime qui brocarde Israël dans sa guerre contre Gaza. Les faux démocrates se terrent et ferment leurs gueules dans cette tragédie sélectivement dénoncée. En effet, l’Arabie Saoudite a poussé le rubicond il y a quelques années en tuant des enfants qui étaient en sorties scolaires.
Les humiliations sont le lot quotidien des pratiques de ce régime qui déteste les étrangers. Ces derniers venus servir le pays au même titre que leurs dromadaires. Voilà ce qu’ils disent. Pourtant, les expatriés représentent le 1/3 de la population en Arabie particulièrement maltraités. Sauf bien évidemment les européens et leurs rois les américains. L’Arabie Saoudite, un royaume qui se dirige inexorablement vers une implosion certaine. Plusieurs facteurs peuvent être mis en exergue pour fonder cette prévisible implosion, malgré les nouvelles ligne de masse incarnées par le prince MBS.
Premièrement, le changement de mode de gouvernance et de distribution du pouvoir depuis l’arrivée du roi Salman a créé des tensions profondes. Il a concentré le pouvoir entre les mains de sa propre famille. Salmane Ben Abdel Aziz est le demi-frère du roi Abdallah mort. Le premier roi Aziz Al-Saoud avait 45 fils issus de nombreuses unions et Salman est le 25eme des 45. Il doit gérer une famille royale qui compte plus 25 000 membres, dont plus de 300 princes (avec des groupes conservateurs et des libéraux , etc). Autant dire une configuration familiale extrêmement complexe avec ses guerres de clans qui traversent le pays. Salman est du clan des Soudayris qui sont l’aile dure du régime. Pourtant, le roi Abdallah avait verrouillé en plaçant son demi-frère Muqrin comme prince héritier avec l’aval des membres du Conseil d’allégeance composé de 32 membres dont 7 princes. Mais lui sa mère est yéménite !
Salman a tout cassé et est revenu dans une logique de famille presque nucléaire. Du coup, aujourd’hui c’est un gamin né le 31 août 1985 sans expérience et belliciste qui dirige le pays en réalité. Le jeune Mohamed Ibn Salman, ministre de La Défense ! Le fils cadet du roi. La guerre au Yémen c’est lui. Salman a fait un coup d’état interne. Il a déposé son demi frère au profit de son neveu à lui Mohamed Ibn Nayef et il nomme son fils cadet Mohamed ibn Salman vice-prince héritier. Évidemment l’autre camp qui a des attaches dans la région ne se laisse pas faire. Et son “Karim ” accumule les bourdes. En réalité, Salman est en train de basculer la monarchie dynamiste vers une monarchie absolue gérée par lui-même, son groupe et des alliés en dehors du cercle de la famille Saoud. On peut y retrouver des gens comme Adel ben Ahmed al-Joubeir (ministre des affaires étrangères) qui est un roturier qui n’est pas du cercle. Voilà une jurisprudence qui va entraîner des rivalités sérieuses porteuses d’implosion.
Deuxièmement, il y a le facteur économique. La baisse du prix du baril et la perte de revenus les oblige à changer d’approche. Le budget du royaume a enregistré un déficit record de plus de 98 milliards de dollars en 2015 et on parlait de 82 milliards de dollars en 2016. En 2017, il était de 61,3 milliards USD. Pour la 1ère fois le 19 octobre 2019, l’Arabie Saoudite a lancé un emprunt sur le marché de 10 milliards d’euros, remboursables en cinq ans. Un signal fort. Déjà ils sont entrain de prendre des mesures inédites comme l’augmentation des prix du carburant et la réduction des subventions pour l’électricité, etc. Ces mesures ont un impact social qui pèsera sur la stabilité de ce régime.
Troisièmement, nous avons le retour de l’Iran sur la scène internationale qui va rééquilibrer les forces dans la région. Les saoudiens se sentent lâchés par leur protecteur américain et font tout pour maintenir la tension devant la menace qu’ils appellent la création d’un arc persan qui s’étendrait jusqu’à la Méditerranée. Donc ils attisent le feu au Yémen (enlisement total et bilan humain effroyable), exécute par provocation le cheikh Nimr Baqer Al-Nimr (pour déclencher une contestation chiite, déplacer le problème sur le terrain religieux et isoler l’Iran). Bahrain et Soudan ont suivi comme des moutons de Panurge, mais pas les autres pays.
Quatrièmement, la guerre au Yémen a fait plus de 400.000 morts et certaines sources disent qu’elle engloutit jusqu’a 200 millions de dollars par jour par la folie de quelques petits princes bellicistes et sans expérience. Le réchauffement des relations avec l’IIan et l’accord sur le nucléaire inquiètent les saoudiens qui avaient souhaité vivement la fin du mandat de Obama. Il y a en plus les menaces de déclassifier le rapport secret du Sénat américain consacré aux possibles complicités saoudiennes dans les attentats du 11 septembre 2000. Et ils font actuellement un terrible lobby pour que le nom de l’Arabie Saoudite ne soit plus mentionné dans un rapport des Nations Unies sur les violations des droits des enfants. Malgré les crimes au Yémen notamment.
Enfin, on voit bien dans quels pétrins se trouve ce régime aux abois qui renforce sa répression intérieure et une monarchie éclatée de fait en différents pôles antagoniques. Les américains, leurs dieux vivants ne sauveront pas ce régime qui devra payer ses crimes et son arrogance. Sans être dans le secret des dieux, je crois que même Dieu n’arrivera pas à sauver ce régime qui a détrdduit tous les symboles identitaires de l’islam qui a quitté l’Arabie depuis fort longtemps. Il ne reste que le souffle et l’essoufflement des dromadaires (hommes et animaux) et le business, nouveau prophète au pays de Mohamed. »