Selon la sociologue Sadio Ba Gning, qui se spécialise dans le vieillissement et les solidarités intergénérationnelles en Afrique, devenir une personne âgée au Sénégal porte une double signification : d’un côté, une légitimité sociale fondée sur l’âge et l’expérience, et potentiellement une reconnaissance de pouvoir économique, de l’autre, une dépendance, notamment en ce qui concerne l’accès aux soins et les solidarités sociales ou les programmes sociaux.
« Être une personne âgée constitue une double situation de reconnaissance sociale du fait de l’âge et de l’expérience sociale, voire une reconnaissance de pouvoir économique, mais aussi une situation de dépendance, concernant notamment l’accès aux soins de santé et aux solidarités sociales ou programmes sociaux », a-t-elle déclaré.
Lors d’un entretien accordé à l’Agence de presse sénégalaise, à la veille de la Journée internationale des personnes âgées célébrée le 1er octobre, la cheffe du département de sociologie de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis (Sénégal) rappelle que cette dépendance est largement assurée par la famille.
« Au Sénégal, malgré le taux de personnes âgées (5%), encore faible, les solidarités sont encore largement supportées par les familles », constate Sadio Ba Gning.
Selon elle, « les solidarités institutionnelles, comme le plan Sésame par exemple [la politique nationale de gratuité des soins pour les personnes âgées de 60 ans et plus], restent très marginales (…) et couvrent à peine les frais pour les soins de santé surtout pour les maladies dites de la vieillesse comme les pathologies cardiovasculaires et chroniques (diabète) et les chutes qui sont très faiblement prises en charge ».
Cette situation, relève-t-elle, accentue la dépendance des personnes âgées et constitue une source de pression supplémentaire sur les solidarités familiales et institutionnelles, s’agissant particulièrement des femmes, avec des disparités entre les milieux urbain et rural.
« Les personnes âgées féminines dépendent de la prise en charge par leurs enfants tandis que les hommes sont plus avantagés par la poly conjugalité », fait justement observer la sociologue.
Toutefois, remarque la directrice du laboratoire Genre et sociétés à l’UGB, les séniors peuvent bénéficier d’une certaine reconnaissance sociale, en continuant, pour certains, de jouer un rôle de chef de ménage en pourvoyant aux besoins de la famille avec leurs pensions