Voici tous les détails de l’enquête de l’affaire Bah Diakhaté.
La Division des investigations criminelles (Dic) a conduit, hier mercredi, Bah Diakhaté au Tribunal de Dakar. L’activiste est poursuivi pour les faits d’offense à une personne exerçant tout ou une partie des prérogatives de la République et de diffusion de fausses nouvelles. Le sort de l’ancien militaire n’est pas encore scellé. Il a bénéficié d’un retour de parquet. Selon les informations de L’Observateur, son dossier va faire l’objet d’une information judiciaire. Dans les prochaines heures, le Procureur va désigner un cabinet pour l’instruction.
Le 20 mai 2024, le procureur de la République près le Tribunal de grande instance hors classe de Dakar a saisi la Division des investigations criminelles (Dic) aux fins de rechercher et d’interpeller l’activiste Bah Diakhaté. Celui-ci avait publié sur sa page Facebook deux vidéos dans lesquelles il accuse le Premier ministre Ousmane Sonko ainsi que d’autres personnalités comme l’ex-Colonel Abdourahim Kébé d’être des homosexuels et souteneurs de la cause Lgbt. Une mission a été donnée aux éléments du Groupe rapide d’intervention (Gri) pour procéder à son interpellation. Le même jour, les policiers se sont rendus à son domicile à Pikine pour procéder à son interpellation.
Conduit dans les locaux de la Dic, Bah Diakhaté a été soumis à une audition, sous l’assistance de son pool d’avocats. L’activiste a reconnu être l’auteur des vidéos incriminées. Invité à justifier ses propos, il a produit une photocopie d’un compte rendu fait par le Commandant El Hadji M. Boye, relatif à la situation militaire du Capitaine d’infanterie Abdourahim Kébé. Ensuite, Bah Diakhaté a déclaré que la première vidéo date de 2022 et que les faits ont été prescrits dans la Loi d’amnistie. Des personnes l’ont encore publiée, selon lui. Après, il a refusé de répondre aux questions allant dans ce sens.
Pour la seconde vidéo, il déclare l’avoir publiée le 20 mai 2024 à 15H sur sa page Facebook. Il a réitéré ses propos, disant que Jean-Luc Mélenchon et Juan Branco sont des défenseurs et promoteurs de la cause Lgbt. Il a ajouté que le Colonel Abdourahim Kébé, 5e vice-président du parti Pastef, a été mis en arrêt de rigueur de 45 jours pour des faits de harcèlement sexuel sur un soldat de même sexe. Pour le cas d’Ousmane Sonko, il a affirmé que le cursus politique de l’actuel Premier ministre n’est pas détachable de ceux qui font la promotion de la cause Lgbt, car O. Sonko a reçu Majid Nassah, Jean-Luc Mélenchon et Juan Branco, tous des défenseurs de Lgbt. Tentant de se dédouaner, Bah Diakhaté a soutenu qu’il s’adressait à Ousmane Sonko en tant que président d’un parti politique.
Il a repris les propos de Ousmane Sonko lors de sa conférence à l’Ucad, co-animée avec Mélenchon. «Le phénomène Gordjiguen n’est pas accepté, mais c’est toléré au Sénégal.» Les policiers-enquêteurs l’ont confondu avec sa déclaration faite sur sa chaîne YouTube. Par ailleurs, il est revenu sur ses accusations contre Sonko concernant son patrimoine foncier. «Je le dis et je le répète devant les Sénégalais, ceux d’ici et de la diaspora, que le Premier ministre Ousmane Sonko a raconté des contre-vérités sur son patrimoine», charge-t-il. Bah a confirmé ses propos.
«Au courant du mois de mars 2018, Ousmane Sonko a vendu à Astou Guèye, devant le notaire Mahmoudou Aly Touré, un immeuble pourtant acquis en 2018 à hauteur de 100 millions de FCfa. Alors que dans sa déclaration de patrimoine, en 2018, Sonko disait qu’il ne possédait qu’une seule maison à la cité Keur Gorgui», a-t-il argué. Pour étayer ses allégations, il a produit un acte de cession de la maison en question.
Bah Diakhaté : « Je suis un lanceur d’alerte »
Lors des auditions, les enquêteurs ont aussi interpellé Bah Diakhaté sur ses propos tenus à l’encontre du président de la République Bassirou Diomaye Faye. L’activiste a déclaré avoir abordé le sujet, disant qu’il parlait de Diomaye en tant qu’Inspecteur des Impôts et domaines. «Diomaye Faye a cédé à Cheikh Djiba, Inspecteur des Impôts et domaines, un immeuble non bâti d’une superficie de 250 m², situé à la Zone de recasement de Yoff», soutient-il.
Pour justifier ses dires, Bah Diakhaté a déposé des copies de bail, un état des charges réelles et une autorisation de céder, tous établis au nom de Bassirou Diomaye Diakhar Faye ainsi que la copie de la déclaration de transaction entre ce dernier et Cheikh Djiba, ministre des Finances. Les enquêteurs lui ont rappelé que ses propos tenus à l’endroit du président de la République, du Premier ministre et des autres personnalités constituent des actes punis par le Code pénal sénégalais, articles 254 alinéa 2 et 255. Bah Diakhaté s’est défendu, disant qu’il n’a pas prononcé les noms du président de la République ou du Premier ministre dans ses publications.
Il a terminé ses déclarations, disant avoir tenu ces propos en tant que lanceur d’alerte. Il s’adresse à un président de parti qui a invité un autre président de parti dans le cadre d’une activité politique à l’Ucad et un Inspecteur des Impôts et domaines par rapport aux litiges fonciers.