Soutenir le soldat Bassirou Kébé, directeur général de la SNHM : une nécessité impérative

24 juin 2025

Les Américains affirment souvent que toute politique doit être analysée à l’échelle locale. Pour eux, le citoyen évalue l’action de l’État principalement en fonction de ses effets directs sur sa vie quotidienne. Il est essentiel que le président Bassirou Diomaye Faye comprenne cette réalité fondamentale. En effet, c’est parce qu’ils étaient las de la corruption, de l’arbitraire, de l’injustice et du mépris auxquels ils avaient été soumis sous l’administration sortante de Macky Sall que les Sénégalais l’ont choisi lors de sa victoire. Leur désir était clair : être gouvernés différemment, de manière plus juste et plus respectueuse de leurs droits. Cependant, un an après son élection, une majorité d’entre eux constate que, dans leur rapport quotidien avec l’appareil d’État, peu de changements concrets ont été perceptibles. Si certains saluent les efforts du gouvernement sur le plan macro-politique, notamment la lutte contre la délinquance de type “col blanc”, l’orientation nouvelle de la politique publique ou encore les avancées dans le fonctionnement de la justice, ces avancées paraissent souvent bien éloignées des préoccupations et des enjeux du quotidien. La perception générale est celle d’une déconnexion évidente entre ces actions et l’impact réel sur la vie des citoyens, qui restent sur leur faim.

Cette fracture entre les actions gouvernementales et la réalité quotidienne des Sénégalais est particulièrement perceptible dans le domaine du foncier. Si la population se réjouit de la réaction de la justice face au carnage foncier, parfois perpétré par des proches du pouvoir déchu, elle s’indigne en revanche face à l’inaction face à une multitude d’autres petits carnages fonciers qui affectent directement la vie de nombreux citoyens ordinaires. Ces derniers se sentent abandonnés face à une situation où leur droit à la propriété semble constamment menacé.

Récemment, le Directeur Général de la SNHLM, M. Bassirou Kébé, a exprimé publiquement, dans la presse, une voix courageuse en dénonçant en partie le silence des autorités face aux actions délictueuses de certains malfaiteurs qui se sont arrogé des terrains appartenant à ses clients. Il a évoqué des cas précis survenus dans plusieurs localités, notamment dans les lotissements des Parcelles Assainies, à Keur Massar, Rufisque, Njakhiraat et ailleurs. Au sein de ces deux premiers lotissements, la SNHLM a reçu des terrains alloués par l’État, qu’elle a ensuite viabilisés à ses frais, pour finalement les vendre à des citoyens. Sur Keur Massar, certains individus ont osé revendre à des tiers des parcelles déjà attribuées par la société. Quant à Njakhiraat, la situation est encore plus grave : des délinquants ont procédé à leur propre remorcellement des terrains en utilisant des plans non conformes ou incohérents, ce qui a engendré un chaos indescriptible. Des parcelles se chevauchent, des rues et des places publiques ont été morcelées sans recourir à une planification cohérente, et même des poteaux électriques se retrouvent au milieu de certaines parcelles.

Ces dégradations touchent directement des citoyens sénégalais, notamment ceux qui arrivent à la retraite après avoir économisé toute leur vie pour acheter une parcelle. Émigrés, veuves, personnes qui ont mis toutes leurs économies dans ces investissements fonciers se retrouvent aujourd’hui démunis et sans recours. Pourtant, les responsables de ces abus sont clairement identifiables. Certains ont été arrêtés et emprisonnés pour de courtes durées, mais leur criminalité a, semble-t-il, perduré bien après leur libération, ce qui montre l’étendue du problème.

Le Directeur Général de la SNHLM a détaillé comment un réseau de complices, comprenant des autorités municipales, des responsables administratifs, policiers et magistrats, protège ces délinquants fonciers tout en empêchant les citoyens honnêtes de récupérer leurs parcelles qu’on leur aurait spoliées. La complicité de plusieurs acteurs de l’État rend la lutte contre ces pratiques encore plus complexe, voire désespérée.

Dans quel pays vivons-nous lorsque des citoyens, au regard des autorités, osent défier l’État de manière si ouverte, si impunie et avec la complicité de divisions internes de cet État ? Si M. Kébé est informé de ces situations, cela implique que les ministres de l’Intérieur, de l’Urbanisme, de la Justice, ainsi que le Premier ministre, devraient également en être conscients, voire en connaître les détails. Alors, comment expliquer leur inaction ? S’agit-il d’un simple manque de compétence, d’une indifférence coupable ou d’une complicité active ? M. Kébé, qui mène un combat remarquable malgré des moyens limités, a besoin du soutien déterminé de l’État. Son modèle de gestionnaire, transparent et respectueux du contrat moral et économique le liant à ses clients, fait figure d’exemple. Il lutte seul, avec courage, pour faire respecter la justice face à des injustices criantes.

Il est impératif que le gouvernement cesse de rester dans la tour d’ivoire politique dans laquelle il semble s’isoler. Il doit impérativement ramener ses actions sur le territoire, dans la réalité concrète de la vie des citoyens. Tout ce que l’on réclame, c’est qu’il restaure l’État de droit, en faisant respecter strictement la loi. La pérennité de son avenir politique en dépend directement : seul un gouvernement capable de résoudre efficacement les problèmes de la vie quotidienne des citoyens ordinaires pourra espérer un futur empreint de stabilité et de crédibilité.