La politique sénégalaise est une alliance par intérêt. Tous les leaders cherchent à tirer le maximum de profit des unions qu’ils nouent. Malheureusement, la plupart d’entre eux font toujours des erreurs de casting dans le choix des personnes avec qui ils cheminent. Même le tonitruant Ousmane Sonko n’échappe pas à cette réalité. Après être devenu un élément incontesté du système, le leader du parti des Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) a commis la plus grosse erreur. Et elle risque de lui coûter cher.
reconnaître, c’est que l’actuel maire de Ziguinchor est le principal opposant au régime de Macky Sall. Ousmane Sonko incarne l’opposition radicale à l’état pur. Il ne laisse aucune marge de manœuvre au locataire du Palais. Sonko utilise toutes les armes dont il dispose pour rendre la vie difficile au chef de l’Etat. D’ailleurs, cette fixette sur Macky l’a poussé à s’allier avec les personnes qu’il a toujours combattu. Les gens du système, comme il les appelait, sont devenus ses nouveaux compagnons de guerre.
Une des têtes pensantes de la coalition Yewwi Askan Wi, Ousmane Sonko est devenu un élément à part entière du système. Mais à dix-huit (18) mois de la présidentielle de 2024, tout porte à croire qu’il a commis une erreur en acceptant de se lancer dans cette entreprise. Exclu pour la présidentielle, Macky Sall pourrait utiliser cette alliance pour envoyer le maire accusé de viol dans le trou. Et s’il venait à se retrouver dans une telle situation, le présumé bourreau d’Adji Sarr ne devra s’en prendre qu’à lui-même.
Élève de Me Wade, Macky est qualifié comme une bête politique. Alors même s’il ne participe pas à la présidentielle, sa main sera dedans. Et tout ce qu’il a à faire c’est d’accepter d’amnistier les deux «K». Karim Wade et Khalifa Sall seront les principaux problèmes de Sonko en 2024. Le prince qatari a officialisé sa candidature pour la présidentielle. Et les soutiens de l’ancien maire de Dakar commencent aussi à agiter la candidature de leur leader. Ainsi donc il ne leur restera que la bénédiction du chef de l’Etat pour se lancer dans la bataille.
Si le schéma se concrétise, une troisième voie pourrait s’ouvrir. Une voie qui fera, sans aucun doute, éclater l’opposition en mille morceaux. Macky Sall va créer le bloc « tout sauf Ousmane Sonko » pour 2024. Ce cadeau empoisonné du locataire du Palais ne se fera que s’il accepte de se conformer aux exigences de la Constitution sénégalaise. Ce qui inclut qu’il renonce à son idée folle d’une troisième candidature qui ne fera que mettre le pays à feu et en sang. Il n’y a qu’ainsi qu’il réussira à exploiter l’erreur de Sonko.
Une trahison au sein de Yewwi Askan Wi est inévitable pour Ousmane Sonko. La charte de cette coalition stipule que les candidats issus de cette coalition doivent soutenir l’un des leurs qui sera au second tour. Mais ce que le plan Déthié Fall n’a pas programmé est le schéma selon lequel il n’y a que des candidats de l’inter-coalition qui vont aux élections. En politique, on ne peut pas tout prévoir. Et avec les casseroles qu’il traîne (accusation de viol, appel à l’insurrection, opposant radical), Sonko aura du mal à rallier toute l’opposition avec lui.
Si un tel schéma se produit, Macky Sall aura réussi à freiner le phénomène Ousmane Sonko sans avoir à outrepasser la Constitution. La sale besogne sera confiée à des éléments intérieurs nichés au sein de l’opposition. Macky fera aussi taire les théoriciens du troisième mandat dans son camp. Et Sonko se rend compte qu’il a commis la pire erreur de sa carrière politique en s’alliant avec le parti démocratique sénégalais et Khalifa Sall, présidentiable en 2024.
Mais attention, à lui tout seul, Ousmane Sonko était à la troisième place à la présidentielle de 2012 derrière Idy et Macky. Alors, c’est sûr qu’il ne capitulera pas sans se battre…