Santé: L’Ordre des médecins se mobilise contre les pratiques illégales du métier

6 octobre 2025

L’exercice illégal de leur pratique porte atteinte à l’image et au fonctionnement de l’Ordre national des médecins du Sénégal (Onms). C’est pourquoi les professionnels de ce secteur ont décidé de mener une croisade contre ce phénomène considéré comme un fléau moderne. «Si nous, médecins, sommes si intraitables sur nos propres règles et si exigeants vis-à-vis de nous-mêmes, c’est parce que nous connaissons le danger que représentent ceux qui ignorent ces règles. La lutte contre l’exercice illégal de la médecine est un enjeu de santé publique», déclare Dr Jean-François Diène, président de l’Onms. Il précise : «L’exercice illégal, c’est le fait, pour une personne non inscrite au tableau de l’Ordre des médecins, de poser un diagnostic, de prescrire un traitement ou de pratiquer un acte médical. Ces individus qui évoluent en dehors du cadre licite exploitent la détresse des malades et leur vulnérabilité. Les conséquences s’avèrent alors dramatiques : retard de diagnostic, erreurs thérapeutiques, aggravation des pathologies et, trop souvent, décès évitables. C’est une tromperie et un danger mortel.»
Face à ce fléau, l’Ordre des médecins ne reste pas les bras croisés. «Nous renforçons notre vigilance et travaillons en étroite collaboration avec les autorités sanitaires et judiciaires pour enquêter et poursuivre les usurpateurs. Nous plaidons pour une application plus ferme des sanctions prévues par la loi et leur durcissement», poursuit le président de l’Onms. L’Ordre des médecins adresse un appel solennel à la population. «Avant de consulter, exigez de savoir si votre praticien est en règle avec les principes édictés par la loi et notre code de déontologie. Ce réflexe peut vous sauver la vie. Le tableau de l’Ordre est là pour vous informer, protéger les patients et veiller sur leur santé», lance Dr Jean-François Diène, qui animait hier une conférence de presse sur le rapport relatif à l’exercice de la médecine.
Sur l’affaire évoquée des soi-disant faux médecins à Abass Ndao, le président affirme : «Pour le cas en question, il ne s’agit pas de médecins. Ce sont des infirmiers, des techniciens de blocs opératoires qui peuvent travailler sous la supervision d’un médecin dans le cadre de leurs activités à l’hôpital. Si c’est dans un cadre hors hôpital, cela engage carrément leurs responsabilités, car je ne pense pas qu’un médecin puisse autoriser un infirmier à accomplir des actes en dehors de l’hôpital.»
Il rappelle qu’au sein de l’Onms existe une structure appelée «Formation disciplinaire», dirigée par un magistrat. «Saisie d’une vingtaine de plaintes par des personnes qui estiment avoir été lésées dans le cadre de soins qui leur ont été prodigués, cette structure va décider ou non des sanctions à prendre à l’encontre de ceux qui sont visés par ces plaintes, après avoir préalablement écouté les deux parties», précise-t-il.
Le Sénégal compte 4536 médecins sénégalais, révèle l’Onms. «Pour cette année, 5675 médecins sont répertoriés dans le tableau de l’Ordre, tableau qui comporte deux sections. La section A est constituée de l’ensemble des médecins fonctionnaires ou de médecins contractuels des services publics de santé, ainsi que ceux servant au Sénégal au titre de l’assistance publique technique ou appartenant aux corps enseignants des facultés de médecine ou aux Ufr en santé. Cette section comporte 4805 médecins inscrits. La deuxième section de l’Ordre regroupe les médecins du secteur privé, des services parapublics et tous les autres médecins. Elle compte en son sein 870 médecins. Les médecins sénégalais, toutes sections confondues, sont au nombre de 4536», indique l’Ordre. Il ajoute : «A cela, s’ajoutent des médecins étrangers dont la nationalité permet l’exercice de la médecine au Sénégal et qui sont au nombre de 1139 dont 990 sont provisoirement inscrits.»