Protection sociale dans le secteur : révélation de l’inapplicabilité de la LOASP (Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale)

31 octobre 2025

La séance du Comité scientifique chargée de l’accélérateur mondial dans le cadre de la stratégie nationale de protection sociale, qui s’est tenue hier, a permis de mettre en lumière l’importance de la protection sociale pour les travailleurs, avec une attention particulière portée à ceux qui évoluent en zone rurale et dans le secteur agricole. El Hadji Thierno Cissé, coordonnateur du Conseil national de concertation et de coopération (Cncr), a souligné que le Sénégal s’est positionné comme un précurseur en matière de protection sociale des agriculteurs, grâce à la loi d’orientation agro-civil-pastorale de 2004. Toutefois, il a aussi rappelé que la mise en œuvre de cette loi demeure problématique. « Avec l’objectif de renforcer des emplois décents et de garantir une protection sociale pour les travailleurs, notamment dans ce secteur, et comme vous le savez, ce domaine est largement couvert par la société civile via les ONG ; je représente une organisation paysanne. C’est un domaine où la question revêt une importance majeure, particulièrement pour les travailleurs du monde rural. Notre pays a été l’un des pionniers dans l’ambition de développer un système de protection sociale pour les personnes exerçant les métiers de l’agriculture. Depuis la loi d’orientation agro-civil-pastoral de 2004, il a été acté que les personnes exerçant les métiers de l’agriculture bénéficieraient d’un régime de protection sociale. Mais il faut dire qu’au-delà du décret pris en 2008, nous n’avons pas réussi à opérationnaliser pleinement cette décision majeure », a déclaré le coordonnateur du Cncr lors de l’ouverture hier de la réunion du comité technique de la stratégie nationale de la protection sociale sur l’accélérateur mondial.

Le représentant de la société civile précise en outre que les ONG s’efforcent de mettre en place des mécanismes permettant aux travailleurs de ces structures d’accéder à la protection sociale, tout en insistant sur l’importance de l’engagement de l’État du Sénégal pour garantir la réussite de cette initiative mondiale.

En présidant la rencontre, Matar Sène, Délégué général à la protection sociale et à la solidarité nationale du Sénégal (Dgpsn), a évoqué à la fois les défis et les opportunités qui se présentent pour la protection sociale au moment de ce rassemblement. « La réunion d’aujourd’hui s’inscrit dans un contexte marqué par des vulnérabilités structurelles qui persistent, mais aussi par des opportunités inédites permettant de transformer notre modèle de protection sociale. Les mutations démographiques, les transitions économiques et les aléas climatiques exigent une approche intégrée et résiliente », a déclaré le Dgpsn. Pour une mise en œuvre plus efficace de cette initiative, Séne a évoqué plusieurs pistes. « L’accélérateur mondial, thème central de cette rencontre, offre une plateforme stratégique pour renforcer les synergies entre les politiques sociales, l’emploi et la transition écologique. Cette session du Comité technique doit permettre de partager et d’harmoniser nos cadres politiques et stratégiques, d’identifier les défis majeurs et les opportunités pour une mise en œuvre efficace de cette initiative et de renforcer la coordination entre toutes les parties prenantes », a-t-il ajouté. Un document de presse précise : « malgré l’importance accordée à la protection sociale aux échelons international, régional et national, le droit à la protection sociale n’est pas encore effectif partout. Selon le rapport 2020 de l’OIT sur la protection sociale dans le monde, seulement 46,9% de la population mondiale bénéficie d’au moins une protection sociale en espèce, notamment en Afrique. Au Sénégal, selon la base de données de l’OIT, la couverture sociale, hors santé, s’établit seulement à 19%. »