Dans un contexte politique sénégalais marqué par des bouleversements inattendus et des débats houleux, l’expert électoral Ndiaga Sylla a évoqué la question de la tenue de l’élection présidentielle prévue au Sénégal avant le 2 avril 2024.
Dans une déclaration récente, Ndiaga Sylla a mis en lumière les nombreux obstacles et incertitudes qui planent sur le processus électoral. Il a exprimé des préoccupations quant à la décision du Conseil constitutionnel. « A la suite de la décision du Conseil constitutionnel et conformément à sa volonté traduite par le communiqué de son Porte-parole, le Président de la République ne devrait consulter que les candidats en lice. Or, il se dégage un large consensus en vue de réaménager le calendrier de l’élection présidentielle tel que consacré dans le Protocole Additionnel de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance et dans les limites fixées par le Conseil constitutionnel », constate-t-il.
Pour Ndiaga Sylla, « il y a lieu de souligner le cas de force majeure induit par les initiatives de l’Assemblée nationale et de l’exécutif dans le but de chambouler le processus électoral. Bien que celles-ci, n’ayant pas prospéré, impactent le calendrier électoral et rompent à la tradition républicaine qui voudrait que la passation de pouvoir entre le Président élu et le Président sortant ait lieu au terme de l’expiration du mandat arrivé à terme ».
L’hypothèse d’une démission du Président en cette période critique a été évoquée, suscitant des interrogations quant à ses motivations et à l’impact sur la légitimité du processus électoral. « Quel que soit l’objectif visé, il n’en sortira pas grandi. Une démission à près de 40 jours de la fin d’un mandat de 5 ans serait RIDICULE ! A présent, il serait judicieux d’organiser le scrutin de manière à ce que, avant le 2 avril 2024, le candidat déclaré élu au 1er tour ou les deux admis à se présenter au second tour soient officiellement connus », préconise l’expert électoral.
Pour remédier à cette situation précaire, l’expert électoral a proposé une réorganisation du scrutin afin de garantir que le candidat élu soit officiellement connu avant le 2 avril 2024. « Pour rappel, c’est le 8 février que j’avais proposé la date du 10 mars 2024. Si le Président avait pris à temps les décisions utiles, après la décision du Conseil constitutionnel, ladite date serait la mieux indiquée en vue de respecter la durée légale de la campagne électorale. La posture du Conseil constitutionnel est à saluer. En effet, les Sages se sont gardés de s’immiscer dans les tâches d’organisation de l’élection, malgré la subite et infondée interruption du processus », rappelle Ndiaga Sylla.
« Il convient de préciser qu’avec la date initiale du 25 février, le contentieux des opérations électorales n’aurait pas été vidé si l’on se fonde sur les délais fixés par la Constitution et le code électoral. En 2000, lors de la première alternance démocratique, tout comme en 2012, la passation s’était opérée dans les délais, par élégance républicaine du candidat perdant. En tout état de cause, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation du nouveau Président. Le principe de la continuité est régi par l’article 36 de la Constitution ! », constate l’expert électoral.