Pourquoi la CSS ne doit pas exclure Mbane du sucre

25 juin 2025

Une révélation dans la presse : l’attribution clandestine de terres à la CSS

Le journal Le Quotidien, dans son édition du jeudi 19 juin 2025, dévoile en détail une affaire qui fait grand bruit. Selon leurs informations, la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) a concrétisé un vieux rêve : l’acquisition massive de terres agricoles supplémentaires. Depuis plusieurs dizaines d’années, cette entreprise sénégalaise du secteur sucrier n’a cessé de lorgner ces terrains fertiles, espérant les obtenir à chaque occasion. Aujourd’hui, grâce à l’approbation du Conseil municipal de la commune de Mbane, ces terres sont désormais à sa disposition. La visite récente du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, qui a promis de soutenir l’industrie locale pour atteindre la souveraineté alimentaire, a, on le sait, accéléré ce processus. Cependant, derrière cette opération apparentée à un développement économique, se cache selon certains une hypocrisie manifeste et une manipulation politique évidente.

Les enjeux et l’impact positif de la Css sur le tissu industriel national

Un pays comme le nôtre doit se réjouir de la présence d’industries solides dans son paysage économique, et la Css en constitue un exemple notable. Outre sa contribution significative à la production nationale de sucre, l’industrie a également eu un rôle majeur dans la mutation de la ville de Richard-Toll ainsi que dans l’amélioration des villages alentours. Grâce à cette industrie, plusieurs générations ont échappé à l’exode rural, trouvant un emploi stable et un espoir d’avenir. Aujourd’hui encore, malgré une demande qui dépasse l’offre, la Css s’efforce de recruter des jeunes diplômés, en particulier des ingénieurs, participant ainsi à la vitalité de la région. Par ailleurs, la ville attire des travailleurs venus de tout le pays, ce qui en fait un véritable exemple de coexistence et de coexistence culturelle, reflet du « savoir vivre ensemble » si cher à notre nation.

La gestion politique de la commune de Mbane et ses enjeux

En revanche, tout n’est pas rose dans la commune de Mbane. La gouvernance locale y est souvent critiquée pour son incompétence et son style de gestion à la fois maladroit et peu transparent. Le maire en place, un personnage que l’on qualifie généralement de rustre, revendique humblement son incapacité à gérer efficacement la municipalité. Son accession au poste, prononcée par les forces politiques, s’est faite sans véritable compétence, ni vision claire. Ancien simple observateur du village, devenu politicien de hasard, il n’a même pas réussi à réaliser des infrastructures de base comme des sanitaires pour les populations. C’est principalement à l’approche des échéances électorales qu’il apparaît, mais étonnamment, il parvient toujours à se faire réélire, grâce à une majorité communautaire fidèle, qui vote systématiquement pour lui. Il faut préciser ici que cette observation n’est qu’un constat, soutenu par la sociologie électorale, qui explique que la coalition des votes ne repose pas toujours sur la performance ou la bonne gouvernance.

Les inquiétudes liées à l’attribution des terres et à la souveraineté alimentaire

Depuis l’annonce de la confiscation de terres pour le compte de la Css, une inquiétude profonde m’anime, alimentée par une lucidité d’esprit. Je tiens à préciser ce que signifie cette lucidité : contrairement à beaucoup de mes compatriotes, surtout dans la Vallée du fleuve, je refuse de tomber dans le piège d’une conception ancestrale et souvent infructueuse de la terre. Selon cette vision, la terre est un patrimoine sacré que personne n’a le droit de s’approprier, et nous sommes contraints d’attendre que quelqu’un vienne nous la faire exploiter. Je considère cependant que cette mentalité peut nous mettre en danger, notamment face aux scandales fonciers qui naissent depuis des années, souvent accompagnés de violences. Partout dans notre pays, certains sont prêts à risquer leur vie pour défendre leur terre, car ils considèrent qu’elle leur appartient en héritage ancestral. Je refuse que mes proches, mes ancêtres, ou mes compatriotes voient la terre uniquement comme un patrimoine folklorique. La véritable nécessité, selon moi, réside dans la lucidité : il faut comprendre que l’investissement privé pourrait améliorer nos conditions de vie et lui faire une place légitime dans notre développement.

Expériences positives et misères rurales à Mbane

Dans la commune de Mbane, deux villages illustrent parfaitement cette problématique. L’un d’eux, mon propre village, se trouve à quelques kilomètres du centre de Mbane, et il bénéficie depuis plus de vingt ans d’une activité d’exploitation agricole menée par des investisseurs. Les relations avec eux sont harmonieuses, et aucune tension majeure n’est venue perturber le partenariat. L’entreprise, dirigée par un homme visionnaire et intelligent, a su se faire accepter par la population locale. Elle a permis non seulement de créer des emplois, notamment pour les femmes, mais aussi de bâtir un climat de confiance mutuelle. À la fin de chaque récolte, chaque famille du village reçoit une contribution significative en vivres, ce qui a renforcé leur expérience de la solidarité. Lorsqu’il a fallu renouveler le bail, la société a rapidement obtenu l’accord, après un versement d’un montant conséquent, que les villageois ont choisi d’investir dans la construction d’une mosquée, symbole d’une foi commune et d’un espoir partagé. Ironiquement, cet investissement, qui pourrait paraître incohérent dans un village manquant d’autres services essentiels, témoigne de l’importance accordée par ses habitants à leur foi et leur patrimoine culturel.

Les craintes, la terre et la nécessité d’un dialogue constructif

Ayant vécu ces deux décennies sur ces terres, je peux comprendre que la peur domine encore la majorité des habitants. Leur crainte d’être enfermés, marginalisés ou même ghettoïsés par la Css est palpable. La peur provient aussi, en partie, de leur attachement viscéral à leur terre natale, lieu de mémoire, de vie et de mort. Ces sentiments sont légitimes, et il faut les respecter. Mais il est crucial aussi de leur demander d’adopter une perspective lucide : le patrimoine foncier de Mbane recèle un potentiel immense, susceptible d’être exploité pour le bien commun de tous les Sénégalais. La pauvreté et la faiblesse des moyens locaux empêchent souvent une mise en valeur efficace des terres. Face à cela, une coopération équilibrée avec des investisseurs privés est devenue indispensable, compte tenu de l’immobilisme des pouvoirs publics locaux. La clé de la réussite réside alors dans la capacité à dialoguer, à rassurer, à concilier intérêts et préoccupations pour construire un avenir commun.

Construire un modèle de développement harmonieux à Mbane

Ainsi, Mbane pourrait offrir à la Css une opportunité de produire du sucre tout en évitant de tomber dans la ghettoïsation ou l’exclusion totale. La véritable solution passe par un dialogue sincère avec les populations, leur compréhension et leur rassurance. Il faut leur faire comprendre qu’un partenariat équilibré peut profiter à tous, sans compromettre leur identité ni leur patrimoine. Seule cette approche, fondée sur la transparence et le respect mutuel, pourra permettre d’exploiter ces terres de manière pacifique et bénéfique, dans l’intérêt de la nation tout entière. C’est en établissant une relation basée sur la confiance que le « Sénégal juste, souverain et prospère » pourra prendre vie, grâce à un développement harmonieux mêlant investissement privé et respect communautaire.