Pièges et biais des notations occidentales

20 octobre 2025

Lors d’une interview accordée à TV5 Monde, Stanislas Zézé, fondateur de Bloomfield Investment Corporation, a mis en lumière le mécanisme infernal qui enferme les États africains dans une spirale alimentée par les critères imposés par les agences de notation internationales. Il affirme que ces agences évaluent essentiellement la qualité de la dette publique des pays africains en dollars, une référence qui handicape durablement le continent.

Effectivement, même si elles œuvrent pour assainir leurs finances publiques, les pays africains présentent des réserves de change modestes. Cela s’explique par une forte dépendance à l’exportation de matières premières à faible valeur ajoutée et l’importation de biens finis coûteux. Conséquence : quelle que soit leur performance réelle, leur notation demeure basse, les obligeant à emprunter à des taux nettement plus élevés que ceux des États européens ou asiatiques présentant un niveau d’endettement similaire.

Ce phénomène entretient ce cercle vicieux : une évaluation pessimiste se traduit par des coûts d’emprunt plus élevés, ce qui fragilise davantage les finances publiques et empêche les pays de sortir de cette spirale négative. Stanislas Zézé estime que seule une notation en monnaie locale peut en venir à bout, en valorisant la capacité réelle des économies africaines à honorer leurs engagements dans leur propre devise. C’est précisément la vocation de Bloomfield Investment Corporation, première agence du genre en Afrique.

Face au projet d’instituer une agence de notation panafricaine pilotée par l’Union africaine, Zézé alerte sur les risques de conflits d’intérêts et recommande de renforcer les agences financières privées locales, qui gagnent en crédibilité et en confiance auprès des investisseurs.

En évoquant le Sénégal, Zézé rappelle que Bloomfield a récemment abaissé sa note après la révélation par la Cour des comptes d’une dette cachée de plusieurs milliards de dollars. Cette épisode illustre la gravité des enjeux et la nécessité de sortir enfin du cycle vicieux entretenu par les règles imposées de l’extérieur.

Pour Stanislas Zézé, il est urgent d’adopter une perspective africaine sur la notation financière afin de permettre aux économies du continent de se développer sans entraves et d’échapper à une spirale qui les prive de moyens et de reconnaissance sur les marchés internationaux.