PASTEF en difficulté face à Macky Sall

20 octobre 2025

La sortie virulente publiée hier, mercredi 15 octobre 2025, dans les colonnes de Sud Quotidien, relative au président du groupe parlementaire PASTEF, Ayib Daffé, qui annonçait que la mise en examen de l’ancien président Macky Sall figurerait à l’ordre du jour de la session unique 2025-2026, a provoqué une onde de choc dans le paysage politique sénégalais. Si certains redoutent l’ouverture d’une boîte remplie de dossiers, d’autres s’interrogent sur la possibilité d’imputer une responsabilité à un Chef d’État au Sénégal, lequel ne peut être poursuivi que pour haute trahison — une infraction qui n’est formulée dans aucun texte du droit positif. Au sein de l’Alliance pour la République (APR), la première réaction est venue d’Abdou Mbow. Le député a affirmé que Macky Sall est devenu le cauchemar du Pastef. Par ailleurs, l’ancien vice-président de l’Assemblée a laissé entendre que la candidature de Macky Sall à l’élection présidentielle de 2029 demeure une éventualité à ne pas écarter.

Le président du groupe parlementaire PASTEF, Ayib Daffé a déclaré dans l’édition de Sud Quotidien de ce mercredi que la mise en accusation de l’ancien président de la République, Macky Sall sera au menu de la session ordinaire unique de l’Assemblée nationale. Que répondez-vous?

J’aimerais exhorter les responsables de PASTEF et ce gouvernement à orienter leurs efforts vers la résolution des difficultés majeures qui concernent les Sénégalais, notamment les inondations, la crise agricole et sanitaire, la perte du pouvoir d’achat et l’érosion des libertés publiques. Le Gouvernement et le parlement disposent de priorités plus pressantes que de nourrir une logique de surenchère, de règlements de comptes et de spéculations sur des sujets qui n’apportent aucune valeur réelle aux populations. Face à l’échec patent de ce régime, il serait préjudiciable d’ajouter de l’agitation. Cela constituerait une catastrophe.

Cette mise en accusation est de plus en plus agitée par plusieurs responsables du PASTEF. Pendant ce temps, certains intellectuels soutiennent qu’il y aurait un risque d’ouvrir une boîte de Pandore en jugeant ou en condamnant Macky Sall ? Est-ce votre avis ?

Quoi qu’il en soit, je les invite à temperer leurs enfantillages. Il demeure évident que cette démarche, qui n’est que purement politique, suscitera une réponse proportionnée à son caractère insolent. Le pays bénéficie d’une tradition démocratique solide que les partisans du pouvoir se doivent de préserver, de consolider et de renforcer. Le Sénégal mérite mieux que ces invectives et ces procédés politiques d’un autre âge où les acteurs politiques jouent les magistrats. Cette dérive serait lourde de conséquences pour eux. Je comprends parfaitement l’attitude d’alerte exprimée par ces intellectuels.

Qu’en est-il de la mise en pratique de cette accusation? Dans notre charte fondamentale, un président de la République ne peut être poursuivi que pour haute trahison. Une infraction qui n’est pas définie dans le droit positif sénégalais.

Le texte qui organise la responsabilité du Président de la République est dépassé et ne correspond plus aux normes internationales. Un travail législatif conséquent devrait être engagé pour actualiser ce cadre, notamment en ce qui concerne la Haute Cour de justice et la définition précise de l’infraction de haute trahison. D’autres priorités attendent néanmoins.

En revanche, s’il y a des faits suffisamment graves, vous ne seriez pas d’accord que le Chef de l’État puisse répondre de ces actes ?

Quels sont précisément ces faits ? Il n’existe aucun élément tangible qui puisse justifier une mise en responsabilité du Président de la République. Macky Sall a dirigé le pays pendant douze années et, selon lui, il a œuvré pour apporter de vraies solutions aux aspirations du peuple. Il faut plutôt le remercier et solliciter ses conseils plutôt que de passer son temps à tenter de ternir son image et sa réputation. Cette offensive déloyale ne peut pas prospérer.

Certaines estiment à tort ou à raison qu’il s’agit juste une stratégie politique visant à barrer la route à l’ancien chef de l’État, Macky Sall qui aurait des velléités de se présenter à la Présidentielle de 2029?

Je crois qu’il ne faut pas écarter cette hypothèse. Macky Sall est un véritable cauchemar pour eux. Il hante leurs nuits autant que leurs jours. Ils s’en prennent à toutes les forces politiques de l’opposition et notre parti APR paie le plus lourd tribut. L’essentiel de nos cadres dirigeants se retrouve aujourd’hui en prison parce que ce pouvoir cherche à les affaiblir et à les couper de leurs bases. Toutes les actions entreprises par ce régime en déclin reflètent une stratégie fondée sur la peur et l’irresponsabilité. À cela s’ajoute l’irresponsabilité des discours, nourris par des experts qui, sur les plateaux télé, déversent leur bile sur ceux qui les dépassent, préfigurant d’autres déclarations irresponsables.