Mise en garde du personnel médical du district sanitaire de Koumpentoum face à des carences essentielles

7 août 2025

Alors que les professionnels de la santé célèbrent des progrès significatifs dans le domaine de la santé maternelle et infantile, ils doivent également faire face à de nombreux défis qui mettent à rude épreuve les structures sanitaires locales. Ces avancées, bien qu’encourageantes, ne doivent pas masquer les difficultés persistantes auxquelles le système de santé doit répondre.

Un vaste territoire et une population en croissance

Situé dans le département de Koumpentoum, le district couvre une superficie de 7 650 kilomètres carrés et dessert une population estimée à plus de 215 700 habitants. La configuration géographique est complexe, car le district est délimité par plusieurs autres districts voisins, mais également par la Gambie. Cette configuration géographique rend la coordination administrative et sanitaire particulièrement difficile, nécessitant des efforts soutenus pour assurer une couverture efficace. Le réseau de soins s’articule autour d’un centre de santé principal, complété par 24 postes de santé, 33 cases de santé, et 123 sites de soins, constituant un maillage sanitaire vital pour cette population dispersée dans une zone rurale étendue.

Un personnel dévoué mais sous-dimensionné

Au cœur de ce système, c’est le personnel de santé qui constitue l’épine dorsale. Le district dispose d’un effectif total de six médecins, parmi lesquels le Dr Sagna et son adjoint, ainsi qu’un dentiste et une équipe de 28 sages-femmes et 332 infirmiers. À ces personnels s’ajoutent 87 matrones et 665 agents de santé communautaire, appelés Desdômes, qui jouent un rôle essentiel, notamment dans la prise en charge du paludisme. Néanmoins, le médecin chef, Dr Siré Sagna, insiste sur le fait que cette équipe, aussi dévouée soit-elle, demeure insuffisante pour couvrir l’ensemble des besoins de la population. La pénurie de professionnels spécialisés est également préoccupante : il manque notamment un pédiatre ou un gynécologue, ce qui complique la prise en charge de certaines pathologies et situation complexes.

Des indicateurs de performance qui suscitent l’espoir

Malgré ces nombreuses contraintes, les performances du district restent remarquables et témoignent d’un engagement fort. Lors du premier semestre de 2025, le district enregistre des taux d’utilisation des services de santé très satisfaisants : 92 % pour la consultation prénatale (CPN), 87 % pour les accouchements assistés par un personnel qualifié, 99 % pour la couverture en traitement préventif du paludisme chez les femmes enceintes (notamment par la prise de SP3), et 95 % des nouveau-nés ayant bénéficié du paquet de soins immédiats à la naissance. Par ailleurs, le district a réussi à réduire le nombre de décès maternels par rapport à l’année précédente, avec seulement cinq cas enregistrés au premier semestre, tous faisant l’objet d’un audit approfondi. La prévalence contraceptive a également atteint les objectifs fixés, ce qui est considéré comme un signe positif pour la santé reproductive de la population.

Des défis persistants et des revendications clés

Cependant, plusieurs zones d’ombre continuent de freiner l’amélioration des services. La rétention de données par l’un des syndicats, le Syntras, influence la fiabilité des chiffres collectés dans sept postes de santé, ce qui complique la vision globale des performances du district. En outre, Dr Sagna a souligné certains problèmes majeurs liés à l’organisation et aux équipements. « Il existe un manque flagrant de services spécialisés : le centre de santé de Koumpentoum ne dispose pas d’un service de néonatologie capable de prendre en charge les nouveau-nés en détresse. Ces derniers doivent être référés à l’hôpital régional, ce qui peut générer des retards critiques », explique-t-elle. La situation est encore aggravée par l’absence d’ambulances médicalisées dans huit postes de santé, un problème particulièrement critique dans une région où les distances entre les sites de soins sont longues et les routes en mauvais état. Par ailleurs, la formation du personnel demeure insuffisante. « Bien qu’un réfrigérateur ait été fourni pour le stockage de sang, le personnel de laboratoire n’a pas encore reçu la formation nécessaire pour effectuer les prélèvements, ce qui représente une faille majeure étant donné la prévalence de l’anémie, facteur principal de mortalité maternelle », ajoute-t-elle. La pratique encore courante des accouchements à domicile dans certaines zones complique également la sécurité des mères et des enfants.

Pour relever ces défis, le district a formulé plusieurs recommandations à l’échelle régionale. Il souhaite notamment : « Mettre en place des programmes de formation continue sur site pour le personnel soignant, équiper tous les postes de santé, surtout ceux situés en zones reculées, d’ambulances médicalisées, construire une unité de néonatologie et affecter un pédiatre ainsi qu’un gynécologue permanent au centre de santé de Koumpentoum. » En dépit du soutien apporté par l’État et de projets comme Isméa, qui comprend la dotation en véhicules et la réfection d’infrastructures, les besoins restent immenses et plusieurs actions doivent encore être entreprises pour améliorer durablement la situation.