Selon l’enquête en cours, Yankhouba Dème est étroitement impliqué dans le trafic de migrants. Actuellement détenu, il a débuté cette activité en 2006 et a été appréhendé à Sédhiou.
Pour atteindre les îles Canaries par voie maritime, il faut parcourir mille six cents (1600) kilomètres, une distance qui n’arrête pas certains Sénégalais malgré le froid, et qui continuent à emprunter des pirogues vers l’archipel espagnol. Ce phénomène migratoire irrégulier est difficile à contrôler du côté européen, et encore moins au Sénégal.
Récemment, des départs de bateaux ont été interceptés, et une chasse aux responsables a été lancée. C’est ainsi qu’un homme de cinquante-trois (53) ans, considéré comme l’un des cerveaux du trafic international de migrants, a été arrêté le 26 décembre 2023 par la compagnie de gendarmerie de Sédhiou. Yankhouba Dème, fortement impliqué selon l’enquête, était activement recherché par les autorités. Un mois plus tôt, il est tombé entre les mains des forces de l’ordre.
L’arrestation de Yankhouba a été déclenchée par un coup de téléphone. Le 25 décembre 2023 à 13h45, les gendarmes de Sédhiou reçoivent un appel de leurs services de renseignement signalant l’existence d’un vaste réseau de trafic de migrants dirigé par Yankhouba Dème, repéré à Sédhiou. Après vérification et information du procureur, le mis en cause a été appréhendé le lendemain à 09 heures en compagnie de Mouhamedou Tambédou. Ils ont tenté de s’enfuir mais ont été rattrapés et arrêtés.
Interrogé sur les accusations, Yankhouba a finalement admis l’existence du réseau de trafic de migrants, bien qu’il ait initialement hésité dans ses réponses. À partir des messages audio Whatsapp sur son téléphone, il a partiellement avoué son implication dans ce trafic, tout en prétendant l’avoir arrêté depuis 2006.
Il a notamment admis avoir convoyé quatre-vingts (80) migrants en 2006, puis avoir cessé cette activité pour se consacrer à la pêche en Guinée-Bissau. Cependant, lors d’une deuxième audition, il a changé sa version des faits. Yankhouba a également avoué avoir organisé en 2022 le passage d’une pirogue transportant quatre-vingt-dix (90) personnes vers l’Espagne, mais le voyage a tourné au drame avec la mort de quatre (04) personnes, faute d’essence. Il a accusé son complice Youssou Diène de ne pas avoir acheté suffisamment de carburant. Depuis cet incident, il affirme ne plus avoir été impliqué dans de telles opérations.
Yankhouba a fourni les identités des personnes décédées lors de ce voyage tragique, comprenant deux Sénégalais et deux Gambiens, mais affirme ne pas connaître les noms des Gambiens. Il a également mentionné la fabrication de ses pirogues à Marsassoum, alimentant ainsi les soupçons des enquêteurs. Il a également révélé qu’à chaque départ de migrants, un million (1.000.000) de francs CFA était versé aux garde-côtes gambiens pour éviter les poursuites. Le jour de son interrogatoire, Yankhouba a été transféré à l’hôpital régional de Sédhiou pour des soins médicaux avant d’être remis aux autorités.