Mamadou Tangara, ancien ministre gambien des Affaires étrangères, nommé à la tête de la mission de l’UA au Mali et dans le Sahel

8 juillet 2025

Le ministre gambien des Affaires étrangères, Dr Mamadou Tangara, a récemment quitté ses fonctions pour prendre la tête de la Mission de l’Union africaine au Mali et au Sahel, communément appelée Misahel. Sa nomination en tant que Représentant spécial de la Commission de l’Union africaine pour cette région, ainsi que comme chef du bureau Misahel installé à Bamako, marque un tournant dans la dynamique diplomatique régionale. Il succède à Maman Sambo Sidikou, dont le départ en 2023 avait laissé le poste vacant durant plus d’un an, accentuant ainsi la nécessité d’une stabilisation et d’un renouvellement de l’impulsion stratégique dans cette zone complexe. La prise de fonction de M. Tangara intervient dans un contexte régional particulièrement sensible, caractérisé par une insécurité endurante et par la recomposition des alliances et des équilibres géopolitiques au Sahel.

Docteur en communication internationale et ancien ambassadeur gambien auprès des Nations Unies, M. Tangara possède une expertise approfondie en diplomatie régionale. Son objectif principal sera de tenter de réintégrer les pays du Sahel dans un cadre plus cohérent, à la fois sur le plan politique, diplomatique et sécuritaire. La tâche sera d’autant plus ardue dans des pays comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui sont sous le contrôle de gouvernements militaires ou juntes depuis plusieurs années. Pour des raisons de sécurité, ces dirigeants ont remplacé ou suspendu les activités politiques des partis traditionnels, ce qui complique la mise en œuvre d’un dialogue politique inclusif. La région, théâtre de tensions et d’instabilités multiples, exige une diplomatie habile, et M. Tangara devra naviguer dans ce contexte délicat avec rigueur.

Diplomate expérimenté, ayant notamment été ministre des Affaires étrangères de la Gambie de 2018 à 2025, il maîtrise également la géopolitique complexe autour du Sahel. La Gambie, en tant que membre actif de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), occupe une position stratégique, opposée à celles de pays comme le Mali, qui a récemment choisi de se retirer, tout comme le Burkina Faso et le Niger. Ces derniers ont officiellement quitté l’organisation régionale, ce qui accentue la fragilité de la coopération dans la zone et rend la médiation diplomatique plus difficile. La responsabilité de M. Tangara sera donc de jongler avec ces éléments conflictuels, en jouant un rôle de pont entre des blocs régionaux et des instances internationales confrontées à de fortes tensions.

Les enjeux majeurs de la Misahel face à des défis colossaux

La Misahel, qui constitue l’un des principaux organes de coordination de l’Union africaine pour la paix, la sécurité et la gouvernance dans la région sahélienne, fait face à de nombreux défis. Parmi ceux-ci figurent la lutte contre le terrorisme, la médiation dans des crises politiques, la gestion des transitions institutionnelles et la restauration d’une coopération régionale efficace. La région du Sahel, en proie à une violence extrême et à une fragmentation politique, nécessite des interventions coordonnées et une diplomatie de haut niveau.

Avec cette nouvelle nomination, il est attendu que Mamadou Tangara puisse insuffler un nouveau souffle à cette entité, souvent perçue comme en perte de vitesse. Sa connaissance fine des dynamiques régionales, ainsi que ses compétences diplomatiques, pourraient permettre de relancer le dialogue et l’action collective dans une région profondément fragmentée. Son rôle sera aussi d’évaluer la capacité de l’Union africaine à maintenir un espace de dialogue ouvert face aux tensions accrues et aux nombreux enjeux en jeu.

En somme, la mission confiée à M. Tangara représente une étape cruciale dans la tentative de rafraîchir la diplomatie africaine face à l’une des zones les plus instables du continent. La stabilité future du Sahel, en grande partie dépendante de la réussite de l’action diplomatique de l’Union africaine et de ses partenaires, pourrait bénéficier d’un leadership renouvelé grâce à cette désignation. La région attend beaucoup de cette nouvelle impulsion, dans une période où chaque pas vers le dialogue et la réconciliation apparaît essentiel pour la stabilité à long terme.