Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a, par un communiqué, clarifié sa position sur l’organisation de débats entre listes pour la campagne électorale des législatives anticipées, rappelant que seul cet organe est habilité à autoriser ou encadrer les débats diffusés pendant la période électorale. Citant l’article LO.135 du Code électoral, le CNRA a mis en garde les médias contre la diffusion de débats non validés par ses services, insistant sur l’importance des principes d’égalité et d’équilibre entre les candidats.
Cette position a suscité une réaction de l’expert électoral Ndiaga Sylla, qui considère que le CNRA a fait une interprétation erronée du cadre juridique. Selon Ndiaga Sylla, la législation en matière de campagne législative n’implique pas nécessairement l’intervention du CNRA pour la régulation des débats dans les médias privés. L’article LO.135, invoqué par le CNRA, régit en réalité les débats présidentiels et non législatifs. « Dans le cadre des législatives, c’est l’article LO.187 qui s’applique, renvoyant aux articles LO.130 à LO.133, mais pas à l’organisation de débats par le CNRA », précise-t-il.
Pour Ndiaga Sylla, les médias privés ont le devoir d’assurer l’équité et l’équilibre lors de leurs émissions, en vertu de l’article L.61 du Code électoral. Il critique la confusion que crée le CNRA en semblant imposer des restrictions similaires à celles des campagnes présidentielles aux législatives. Selon lui, cette interprétation stricte du rôle du CNRA dans la régulation des débats pourrait décourager des initiatives de débats, privant ainsi les électeurs d’une vision plus éclairée des programmes de chaque liste en lice.
À la suite de cette position controversée, le CNRA a lui-même évoqué la possibilité de réviser certaines dispositions du Code électoral, dans le cadre des concertations avec les parties prenantes, pour rendre la tenue de débats plus systématique lors des élections nationales. Toutefois, cette initiative n’a pas convaincu Ndiaga Sylla, qui souligne l’urgence de mieux distinguer les différents types de scrutins et d’ajuster les réglementations en conséquence.