Ça sent vraiment le roussi pour l’agent de police Abdoulaye Sow. Mis aux arrêts de rigueur dans l’affaire de « défaut de permis de conduire » incriminant le chroniqueur Ameth Ndoye, le limier qui officie au commissariat de police du 4e arrondissement a été inculpé et envoyé à la prison de Rebeuss. Il fera face ce matin au juge pénal.
Agent de police au commissariat du 4e arrondissement de la Médina, Abdoulaye Sow est dans de beaux draps. Les derniers développements de cette affaire dite « Ameth Ndoye » lui compliquent les choses. Incriminé dans l’affaire portant « défaut de permis de conduire », qui a valu des ennuis au célèbre chroniqueur, l’agent de police A. Sow a été placé en détention. Il a fait face vendredi dernier au procureur de la République, qui l’a mis sous mandat de dépôt. Selon nos confrères de L’Observateur, le limier de la Médina sera jugé ce lundi matin au tribunal de grande instance de Dakar. L’analyse de la procédure judiciaire diligentée contre l’agent de police A. Sow démontre un lien de causalité directe entre cette procédure et les démêlés judiciaires pour « défaut de permis, faux et usage de faux », qui ont conduit à l’inculpation d’A. Ndoye. Il devra s’expliquer ce matin devant le juge pénal du tribunal de grande instance de Dakar sur les faits retenus à son encontre.
L’Observateur met en lumière les contours nébuleux de cette double procédure, ébruitée par l’arrestation, le 24 octobre dernier, d’Ameth Ndoye, cueilli par les pandores de la brigade de recherches de Faidherbe, en exécution d’un avis de recherche émis par leurs collègues de la brigade de Sébikotane, suite à un accident de la circulation impliquant A. Ndoye, dont le véhicule avait heurté un motocycliste.
Selon nos confrères, Ameth Ndoye avait justifié la non-présentation de son permis de conduire aux gendarmes enquêteurs par le fait que ce précieux sésame était aux mains d’un agent de police qui l’avait contrôlé au rond-point Béthio Thioune de Mermoz. Pour en attester, il avait présenté l’attestation délivrée par l’agent en question, officiant au commissariat de la Médina. Au cours d’un point de presse, co-organisé avec le journaliste Cheikh Yérim Seck et d’autres membres d’un mouvement nouvellement créé, l’attestation avait été publiquement exposée.
Directement concerné par les allégations articulées dans cette affaire, le commissariat du 4e arrondissement, en accord avec la haute hiérarchie de la Police nationale, a décidé de tirer au clair cette nébuleuse qui « jette le discrédit sur l’institution ». Le commissaire Sarr de la Médina a donc diligenté une enquête interne. Selon L’Observateur, le patron de la police de la Médina a, dans un premier temps, convoqué l’ensemble des éléments de sa brigade de recherches. L’audition s’est heurtée aux dénégations unanimes des agents sur cette affaire. Une seconde audition n’a pas permis d’identifier le suspect. Parmi les arguments avancés par ses collègues pour réfuter les faits, l’agent Sow a fourni un motif solide : « Je n’ai pas travaillé le jour de la délivrance de l’attestation servie à A. Ndoye. » Le commissaire Sarr, qui souhaitait faire la lumière sur cette affaire, a poursuivi les investigations (dont il garde le secret) et a procédé par élimination de suspects grâce à des recoupements. Cette démarche pointue a permis à l’enquêteur en chef de porter son attention sur l’agent A. Sow.
Soumis à un feu roulant de questions fondées sur des éléments à charge, l’agent suspect a fini par craquer. Il a passé aux aveux et a déclaré : « C’est moi qui ai délivré l’attestation. » C’est alors qu’il a explicité les circonstances de la délivrance de cette fameuse attestation. Au cours de sa confession, l’agent A. Sow, qui réside à Rufisque, a révélé que tout avait commencé le jour où son ami et voisin à Rufisque l’a contacté pour qu’il lui établisse une fausse attestation de contrôle d’un automobiliste. Ce voisin, a-t-il dit, est ami avec Ameth Ndoye. C’est dans ce contexte que l’agent A. Sow, alors chez lui à Rufisque, a établi l’attestation en question. Cependant, il s’est abstenu de mentionner le nom du bénéficiaire ainsi que le numéro de permis de celui-ci. « L’analyse de l’attestation a montré une différence notoire entre les écritures initiales de l’agent et celles mentionnant le nom et le numéro de permis », révèlent nos interlocuteurs. Ce que confirmera d’ailleurs l’agent Sow. L’aveu étant la reine des preuves, il lui a été notifié sa mise aux arrêts de rigueur. Après avoir informé la haute hiérarchie de la police et le procureur de la République, l’agent Abdoulaye Sow a été conduit au camp Abdou Diassé de la police pour y purger 10 jours d’arrêt de rigueur.