Le FMI attend la publication des données de Sonko pour avancer

25 juin 2025

(SenePlus) – Le Fonds monétaire international (FMI) maintient une position ferme vis-à-vis du Sénégal, en affirmant qu’aucun nouveau programme de financement ne sera évoqué tant que la lumière ne sera pas faite sur le déficit budgétaire de 7 milliards de dollars découvert sous l’ancienne administration. Cette révélation, relayée par Bloomberg, souligne l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le pays, sous la direction de Bassirou Diomaye Faye.

« Nous attendons la finalisation de l’audit », a indiqué jeudi Julie Kozack, porte-parole du FMI, en précisant que cet audit final est crucial après une évaluation préalable qui avait mis en évidence une déclaration erronée des données relatives à la dette et au déficit budgétaire par l’administration de l’ancien président Macky Sall. « En ce qui concerne la relance d’un programme, nous n’avons pas actuellement de calendrier précis pour sa mise en œuvre », a-t-elle ajouté, selon Bloomberg.

Le FMI avait interrompu en octobre le programme d’aide d’un montant de 1,8 milliard de dollars destiné au Sénégal suite aux découvertes faites par Bassirou Diomaye Faye. Pourtant, le ministre des Finances, Cheikh Diba, espérait ouvrir des négociations pour un nouveau financement dès avril et obtenir un appui dès la fin juin, rapporte Bloomberg.

Cette suspension a été décidée après la révélation en janvier par la Cour des comptes des falsifications importantes dans les comptes publics. Les chiffres révèlent que la charge de la dette du Sénégal s’élevait à près de 100 % du produit intérieur brut en 2023, alors que l’administration précédente ne déclarait qu’un ratio de 74 %. De plus, le déficit budgétaire s’établissait à 12,3 % du PIB cette année-là, soit plus du double des 4,9 % officiellement rapportés à l’époque.

Face à cette situation critique, le pays doit répondre à des besoins exceptionnels de financement estimés à environ 2 milliards de dollars, selon le projet de loi de finances pour 2025, cité par Bloomberg. La suspension de l’aide a également limité l’accès du Sénégal aux marchés financiers internationaux, compliquant davantage sa situation économique.

Malgré ces difficultés, le Premier ministre Ousmane Sonko a adopté une posture de défi, laissant entendre que le Sénégal pourrait ne pas nécessiter de nouveaux fonds venant du FMI. « Le programme avec certains partenaires multilatéraux, notamment le FMI, a été suspendu pendant un an. Aucun décaissement n’a été effectué, mais le Sénégal reste debout », a-t-il déclaré aux investisseurs le mois dernier, selon Bloomberg.

Les répercussions de cette crise de confiance se font déjà sentir sur les marchés financiers. Moody’s Ratings et S&P Global Ratings ont ainsi revu à la baisse la notation de crédit du Sénégal, le plaçant désormais en zone spéculative, suite aux révélations sur les manipulations budgétaires.

Il reste à voir si le Conseil d’administration du FMI exigera que le Sénégal rembourse les 700 millions de dollars déjà versés dans le cadre de l’accord interrompu, ou s’il accordera une dérogation permettant au pays de régler sa dette selon les modalités initialement prévues, informe Bloomberg.

Julie Kozack a souligné que le FMI continue à coopérer avec le gouvernement sénégalais afin de traiter les déclarations mensongères, processus qui nécessite « une démarche rigoureuse ». Cette approche méthodique met en évidence la gravité de la situation et la détermination de l’institution financière internationale à restaurer la confiance avant toute reprise des relations de coopération.

Ce dossier sénégalais constitue un exemple concret des conséquences que peuvent avoir les manipulations budgétaires dans le cadre des relations avec les institutions financières internationales. Il met également en lumière les défis que doivent relever les nouveaux dirigeants africains pour redonner crédibilité à leur pays après plusieurs années de gestion opaque et de pratiques douteuses.