Le juge Hamidou Dème n’est pas favorable aux nouvelles mesures prises par le Gouvernement visant à octroyer des indemnités se chiffrant à des millions aux ex-détenus et autres victimes des manifestations politiques. Selon le magistrat, cette démarche du Pastef renvoie à la patrimonialisation de l’État et au clientélisme tant décriés ces dernières années.
Les nouvelles mesures prises par le Gouvernement à l’endroit des victimes des derniers événements politiques suscitent beaucoup de réactions. Et le juge Hamidou Dème n’est pas en reste. D’après le magistrat, il s’agit d’une démarche plutôt tortueuse qui va à l’encontre du clientélisme de l’État contre lequel les nouvelles autorités se sont âprement battues. « La patrimonialisation de l’État et le clientélisme tant décriés ces dernières années persistent de plus belle avec la gouvernance Pastef. La seule appartenance à un parti politique ou le soutien à un homme politique ne devrait pas conférer de privilèges quelconques, lesquels sont de nature à rompre l’égalité des citoyens devant la loi », a-t-il posté sur ses réseaux en ligne.
« Les règles du jeu démocratique sont désormais à géométrie variable, mises au service d’un parti et de son chef qui se permettent tous les excès et à qui on semble tolérer tout », a-t-il ajouté dans ses critiques. Selon lui, il est tout à fait mal aisé de comprendre, « malgré toutes les insuffisances de la justice, que de prétendus auteurs d’infractions deviennent subitement, et en dehors de toute procédure judiciaire, des victimes privilégiées ». L’État de droit, soutient-il avec fermeté, c’est avant tout, la soumission de l’État à la loi. « Or, aucune loi, aucune jurisprudence ni même aucune logique ne peut justifier que des personnes poursuivies par la justice bénéficient de la qualité de victimes et soient indemnisées sans décision judiciaire », constate-t-il, pour le déplorer. Le juge Dème rajoute que, depuis l’accession de Pastef au pouvoir, « les règles du jeu démocratique sont désormais à géométrie variable, mises au service d’un parti et de son chef qui se permettent tous les excès et à qui on semble tolérer tout ». Ce qui le pousse à se demander si la démocratie et l’État de droit ne sont pas encore en péril.
Le Gouvernement a décidé d’octroyer un montant de dix millions FCFA à chaque famille de personne décédée lors des manifestations politiques au Sénégal. Cette somme est assortie de l’admission des orphelins mineurs au statut de Pupilles de la Nation, l’enrôlement de milliers dans le programme aux du gouvernement, entre autres mesures. En ce qui concerne les ex-détenus ou autres victimes, blessés ou malades, en lien direct avec les événements indiqués, le gouvernement va assurer leur prise en charge médicale et psychosociale. De même, il est prévu une allocation forfaitaire de cinq cent mille FCFA à toutes les personnes figurant dans la base de données établie par l’ANSD, en relation avec le Ministère de la Justice, les sources policières, les représentants de victimes et ceux de la société civile.