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Air Sénégal amorce un virage décisif sous la houlette de son nouveau Directeur général, Tidiane Ndiaye. Entre harmonisation salariale, promotions internes et réduction des effectifs, la compagnie enclenche une restructuration ambitieuse pour retrouver son équilibre.
Dans les coulisses de la tempête qui secoue Air Sénégal, une première brèche vient d’être bouchée. En attendant le Conseil interministériel promis par le Premier ministre Ousmane Sonko sur l’avenir de la compagnie nationale, un pré-conseil a réuni les hauts responsables de l’entreprise et le ministre des Transports aériens. À l’issue de cette rencontre, le Directeur général Tidiane Ndiaye a pris des décisions fortes, soufflant un vent d’équité au sein du cockpit.
Parmi ces mesures, une revendication de longue date des pilotes sénégalais a enfin trouvé une oreille attentive : l’harmonisation des salaires entre expatriés et nationaux. Jusqu’ici, un fossé béant séparait les rémunérations, les pilotes étrangers gagnant presque deux fois plus que leurs collègues sénégalais pour un même vol, un même ciel, une même responsabilité. Désormais, cet alignement salarial s’inscrit dans la politique de rationalisation de la compagnie, une étape qui pourrait rebattre les cartes d’Air Sénégal.
« Comment un pilote sénégalais, qui effectue le même trajet que son collègue expatrié, avec le même appareil, ne bénéficie-t-il pas du même traitement salarial ? Au nom de quoi ? Alors que nous avons suivi la même formation », confiait récemment un commandant de bord d’Air Sénégal à L’Observateur, dénonçant une inégalité criante qui a longtemps pesé sur la compagnie nationale.
Derrière cette frustration, une terrible réalité : « Les pilotes étrangers sont payés beaucoup plus chers que leurs homologues sénégalais, avec une prise en charge de leur logement. Mieux encore, toutes les six (6) semaines de travail, ils bénéficient de deux (2) semaines de repos. En revanche, les pilotes sénégalais n’ont que trente (30) jours de congé », souligne une source citée par L’Observateur. Ce décalage salarial a nourri, au fil des ans, un sentiment d’injustice et de relégation parmi les pilotes nationaux.
Les CDD et les contrats de prestation ne seront pas renouvelés
Mais cette fois, le vent du changement souffle sur la compagnie. Du côté de la Direction générale, le message est clair : « Il a été décidé d’harmoniser les salaires de tous les pilotes étrangers sur ceux des nationaux. » Une décision qui marque un tournant sous la houlette du Directeur général Tidiane Ndiaye.
Et ce n’est pas tout. Dans cette même dynamique, neuf (9) pilotes sénégalais, dont cinq (5) commandants de bord, ont été promus sur l’Airbus A330, un appareil qui, jusque-là, restait la chasse gardée des expatriés. Mieux encore, deux (2) commandants de bord sénégalais viennent d’obtenir leurs titres et privilèges d’instructeurs sur A330, une avancée historique pour l’aviation civile nationale, comme le souligne L’Observateur.
Le plan de restructuration de la compagnie aérienne nationale a également été lancé pour mettre fin, selon le Directeur général Tidiane Ndiaye, à un déséquilibre structurel criant. En effet, Air Sénégal dispose d’une flotte réduite à quatre (4) avions pour 610 employés, soit un ratio abyssal d’un avion pour 152 salariés.
L’objectif est clair, indique la nouvelle direction : se conformer aux standards internationaux, qui recommandent un rapport plus équilibré entre le nombre d’appareils et le personnel employé.
« Nous n’avons licencié aucun agent. Mais les contrats à durée déterminée (CDD) et les contrats de prestation arrivés à terme n’ont pas été renouvelés », précise la Direction générale, citée par L’Observateur, soucieuse d’éviter toute polémique.
La politique de rationalisation des effectifs se concentre donc sur le non-renouvellement des CDD et des prestataires, et aucun contrat à durée indéterminée (CDI) n’a été résilié.
Le cap est fixé, et la restructuration se veut méthodique, selon les nouvelles autorités de la compagnie nationale. « Le bilan de compétences fait ressortir clairement l’adéquation des profils et des postes occupés », insiste-t-on du côté de la Direction.
Un réajustement nécessaire pour sortir Air Sénégal des turbulences et lui permettre de retrouver son équilibre dans un ciel où la concurrence est féroce, conclut L’Observateur.