Fondateur et promoteur de l’insultocratie : le rôle de l’apôtre

30 juillet 2025

Une insulte comme nouvelle doctrine politique : l’histoire pourrait se souvenir de l’insultocratie

Il s’agit peut-être d’un terme que l’histoire retiendra un jour, pour le classer parmi les formes les plus basses de déchéance politique : l’insultocratie. En ce moment, un ministre d’un gouvernement, dont le mot d’ordre ne consiste ni à jubiler, ni à faire preuve de jubilation, ni même à gouverner ou à réformer, mais simplement à insulter, incarne cette nouvelle doctrine. Birame Souley Diop, ministre de l’Énergie, en est la figure emblématique et à laquelle il semble, de façon assumée, adhérer avec zèle.

Un ministre à la présence siégeoise, mais à l’engagement fragmenté

« On est ministre du lundi au vendredi », confie-t-il, comme s’il annonçait ses horaires de travail à une poste ou dans un magasin. La fin de semaine semble, quant à elle, consacrée à une forme de repos de la République. Plus d’éthique, plus de dossiers, plus d’engagement, comme si tout ce qui concerne les affaires publiques devait attendre la reprise administrative. Les enjeux nationaux, alors, restent en suspens, en attente du lundi suivant, comme un courrier qui doit attendre son tour ou une lettre recommandée qui ne sera pas lue avant le début de la semaine ouvrée. Pendant le week-end, Birame Souley Diop, ministre à temps partiel, semble faire une coupure avec la conscience de ses responsabilités : ses promesses et ses engagements s’évaporent. Son ministère lui-même, est-il un lieu de travail ou simplement un espace de transit avec une pause prolongée dès le vendredi soir ?

Un silence coupable face aux problématiques essentielles du pays

Il n’entend ni parler des revendications des étudiants, ni évoquer les conditions des campus, des bibliothèques, ou encore les moyens à mettre en œuvre pour la formation dans des villes comme Dakar, Thiès, Ziguinchor ou Bambey. Non. Birame Souleye Diop, qui, le week-end, a délaissé son rôle de ministre, s’est fixé une nouvelle mission : mobiliser l’insulte, ériger la démesure verbale en arme politique, gonfler la poitrine de slogans toxiques, et transformer la grossièreté en hymne patriotique. La noticeable incongruité de ses propos se manifeste d’abord par le lieu choisi pour s’exprimer. Il ne sait manifestement pas où il parle. L’université, symbole d’élévation intellectuelle, de débat et de critique, devient ici un théâtre d’hooligans verbaux. Il aurait pu parler d’énergie, secteur dont il a la charge depuis 15 mois, un domaine souvent marqué par l’opacité et l’amateurisme, où les coupures d’électricité sont fréquentes. Mais non, il a préféré faire du bruit, faute de réellement s’exprimer avec justesse.

Une constante dégradation du discours politique

Mais faut-il réellement s’étonner d’un tel effondrement de la parole politique à l’heure présente, lorsque l’on connaît le profil de l’individu ? Le député-maire Birame Souleye Diop, représentant la 14ème législature, a d’ores et déjà donné le ton. Lorsque son propre camp appelait, au nom de l’éthique, à ne pas cumuler les mandats, il répliquait par le mépris, refusant toute cohérence. Il privilégia donc les sièges doublés, ceux qui lui offrent plus de confort et de pouvoir. Et, dans des accès d’arrogance qu’il semble cultiver, il a lâché, lors d’une interview : « Personne ne doit s’aventurer à nous demander de parrainer des manifestations sportives ou culturelles. » Une déclaration qui montre le mépris qu’il affiche envers ses confrères ou ses propres électeurs.

Un ministre incapable de produire une vision, mais maître dans l’art de l’insulte

Birame Souleye Diop n’est pas simplement un ministre désorienté ou perdu dans ses dossiers. Il représente la parfaite incarnation de ce que donnent une alliance dangereuse entre l’incompétence manifeste et un zèle fanatique. En plus de quinze mois, il n’a ni apporté de solutions concrètes ni esquissé une quelconque vision pour le secteur de l’énergie. Les bailleurs de fonds observent la situation d’un œil critique, les citoyens subissent des coûts prohibitifs, et les partenaires attendent en vain. Mais lui, au lieu de répondre avec des propositions constructives, préfère insulter. Il ne débat pas, il aboie. Il ne cherche pas à convaincre, il se contente de galvaniser les plus bas instincts, comme s’il voulait dresser une foule malléable prête à déclencher une guerre de caniveaux. La méprise qu’il manifeste à l’égard des supporters et membres de son propre camp traduit à la fois son incapacité à avoir une idée claire et sa volonté de les instrumentaliser à des fins politiques.

Une absence totale de propositions concrètes

Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que ce ministre n’offre aucune alternative, aucune politique, aucune feuille de route ou réforme. Son seul répertoire se résume à hurler le vide, tentant ainsi de couvrir le silence de sa propre inaptitude à agir. À ce niveau-là, il ne s’agit plus de gouverner, mais de gesticuler, de vociférer, de menacer, et de salir l’espace public pour camoufler son manque de substance.

Une dérive autoritaire visible et assumée

Pour ceux qui s’interrogent sur la montée d’un régime autoritaire, inutile de chercher des complots secrets ou des plans clandestins. Tout est visible et évident. Lorsqu’un ministre encourage publiquement à insulter des citoyens depuis une université, ce n’est pas une maladresse ou une sortie malheureuse, mais bien une manifestation claire de ce que certains désignent comme une insulteocratie, où la parole devient une arme et la logique un suspect.

Les conséquences futures d’un discours destructeur

Or, il faut souligner qu’on ne peut pas transformer une salle en un lieu de production de lumière, comme on ne peut pas éclairer un pays entier avec des imprécations. Dans les mois qui viennent, lorsque les factures énergétiques augmenteront, lorsque les réformes tant attendues seront encore repouss, le ministre ne pourra ni transformer ses invectives en kilowatts, ni convertir ses hurlements en solutions. Les citoyens, eux, garderont en mémoire cette époque où, plutôt que d’apporter la lumière à leur pays, ce ministre a préféré attiser les braises du conflit, de la haine et de la division.

L’histoire retiendra le moment où un ministre dépourvu d’idées a voulu échanger la flamme du savoir contre les cendres de l’insulte

Souvenez-vous de cette image : dans une université blessée, un ministre sans vision ni projet a voulu troquer la lueur du savoir contre l’obscurité des mots violents. Mais qu’il le comprenne bien : dans ce pays, les livres peuvent brûler, mais les consciences, elles, s’enflamment. Face à cette honte collective, aucun mégaphone ne pourra couvrir la musique glaciale de l’effacement de celui qui n’a rien laissé derrière lui qu’un silence lourd, plein d’un vide abyssal.