
Devant la presse hier, la coalition Takku Wallu Sénégal a dénoncé ce qu’elle considère comme une tentative du gouvernement de déchoir Mouhamadou Ngom, dit Farba, de son immunité parlementaire. Selon ses membres, la demande serait « une chasse aux sorcières politiquement motivée », dépourvue de tout élément concret, rapporte L’Observateur.
« La demande de levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom n’est ni sérieuse, ni sincère », a déclaré Me Oumar Youm, avocat et figure clé de la coalition d’opposition Takku Wallu Sénégal. Ce dernier n’a pas mâché ses mots pour qualifier cette initiative d’« injustice flagrante » dans le dossier du parlementaire accusé de blanchiment d’argent sur la base d’un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif).
Selon L’Observateur, Me Youm a affirmé avec un ton indigné : « L’Assemblée nationale n’a été saisie que par une simple lettre du Procureur financier. Aucun fait sérieux n’a été articulé, seulement des allégations, des affirmations et des déclarations non étayées. »
Lors de la conférence de presse organisée hier, en lieu et place de celle prévue initialement par les avocats du député – annulée faute d’autorisation de l’Ordre des avocats –, les membres de Takku Wallu Sénégal ont mis en lumière des faits qu’ils jugent scandaleux entourant cette procédure. Ils dénoncent une démarche empreinte de graves irrégularités et qu’ils qualifient de « purge politique déguisée », selon les propos rapportés par L’Observateur.
Pour eux, au regard de ces arguments, « la demande de levée de l’immunité parlementaire doit être purement et simplement rejetée ». Ils appellent l’Assemblée nationale, deuxième institution de la République, à « jouer son rôle de garant des droits parlementaires ». Me Oumar Youm a rappelé : « Une Assemblée de rupture, c’est une Assemblée qui se respecte et qui protège ses membres contre toute tentative d’instrumentalisation. »
Pire encore, selon Me Youm, Farba Ngom n’a jamais été convoqué ni par la police, ni par un juge d’instruction. Aucun élément de défense ne lui a été communiqué, souligne L’Observateur. Son collègue, Me El Hadj Amadou Sall, renchérit : « C’est un déni de justice total, une violation flagrante des droits fondamentaux garantis par notre Constitution. »
La coalition Takku Wallu Sénégal n’hésite pas à pointer une ingérence de l’Exécutif, accusant le Premier ministre, Ousmane Sonko, de diriger un règlement de comptes contre un adversaire politique influent. Les perquisitions, qualifiées d’« illégales », menées sur une propriété de Farba Ngom à Diamniadio en sont, selon eux, une preuve manifeste. « Ces manœuvres ne visent qu’à fragiliser un député dont le seul crime est d’avoir remporté la région de Matam », a déclaré Me Youm, selon L’Observateur.
« Trois sociétés de Farba Ngom sous enquête fiscale »
Farba Ngom, entrepreneur et député, est décrit par ses défenseurs comme victime d’un acharnement orchestré. Ses trois sociétés – la Sci Haba, la Sep Sucre et la Sep Tidiane – sont actuellement sous enquête fiscale, tandis que le parquet financier poursuit une demande de levée de son immunité parlementaire. « Ce qui est reproché à Farba Ngom, c’est d’avoir gagné la région de Matam et d’être un membre influent de l’opposition. Aucune infraction pénale n’a été prouvée contre lui », ajoute l’avocat, selon L’Observateur.
Face à cette affaire qui met également à l’épreuve l’indépendance de la justice sénégalaise, souvent accusée de subir des pressions politiques, Takku Wallu Sénégal appelle à une justice impartiale et équitable, loin des « règlements de comptes » et des « vengeances », rapporte encore L’Observateur.
Pour contrer ce qu’ils qualifient d’acharnement procédural, les membres de la coalition ont annoncé leur intention de saisir l’Union interparlementaire (UIP), les parlements de la Cedeao et de la Francophonie. Leur objectif : dénoncer des violations flagrantes des droits du député, ainsi qu’une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
Malgré cette tempête politico-judiciaire, Farba Ngom clame toujours son innocence et prévoit de participer à un meeting de soutien organisé ce jeudi dans le Fouta, une région où il jouit d’un fort soutien populaire. Ce rassemblement pourrait marquer un tournant symbolique dans son combat, conclut L’Observateur.