Éducation en Afrique : recommandations du séminaire international face au déficit de 15 millions d’enseignants

1 novembre 2025

Le séminaire organisé par le programme «Apprendre» et destiné à présenter les résultats de son appel à projets de recherche s’est clos ce mercredi. Cette rencontre a réuni des chercheurs et un grand nombre d’acteurs du secteur éducatif, notamment les secrétaires généraux des ministères en charge de l’Éducation des pays partenaires et les points focaux du programme. Elle a permis de mettre en commun des ressources, des travaux et des outils destinés aux parties prenantes — ministères de l’Éducation, universités, instituts de recherche, chercheurs — afin de favoriser une synergie d’action. Cette dynamique a conduit à adopter plusieurs résolutions à l’issue d’un séminaire riche en enseignements sur le système éducatif africain, dans le but de renforcer la communication et la collaboration entre le monde de la recherche et les décideurs politiques. L’objectif est de faire en sorte que la recherche serve directement les décideurs et puisse proposer des améliorations et de nouveaux outils, tout en tenant compte d’éléments tant internes qu externes. Il s’agit aussi d’archiver et de valoriser ce qui a été produit, puis de contextualiser les résultats afin que d’autres pays ou partenaires puissent en bénéficier.

Autre priorité formulée par les acteurs: la formation des enseignants et le métier d’enseignant dans un contexte de mutations rapides, avec des enjeux multiples. «On a évoqué la transition écologique, la transition liée à l’intelligence artificielle, la transition numérique et la transition climatique», a indiqué Aline Fournier, coordinatrice du programme «Apprendre». Selon elle, il faut travailler sur ces questions de manière collégiale et partenariale entre l’ensemble des parties prenantes, en particulier pour ce qui est de la formation des enseignants, dont les besoins vont se faire sentir de plus en plus dans les années à venir. «Aujourd’hui, en Afrique subsaharienne, on prévoit un déficit de 15 millions d’enseignants d’ici 2030», a-t-elle précisé.

Pour Aline Fournier, «c’est colossal, c’est équivalent à la population de certains pays, et le défi est véritablement complexe car la question enseignante est multidimensionnelle. Il faut trouver des personnes prêtes à embrasser le métier d’enseignant, et ce défi est encore plus critique lorsque le statut de l’enseignant s’est dégradé», a-t-elle expliqué. D’après elle, il s’agit d’un enjeu global en Afrique. C’est pourquoi, selon la coordinatrice, «il faut travailler à rendre la profession attractive et susciter l’intérêt des enseignants et des jeunes pour ce métier, car il n’y a pas d’âge pour devenir enseignant».

Dans les résolutions, le maintien de la motivation des enseignants est revenu comme un fil rouge. Pour ce faire, les participants estiment qu’il faut accentuer les efforts dans les domaines de la formation, de l’accompagnement, et «des éléments de package RH susceptibles d’être construits pour offrir à l’enseignant autre chose que le simple statut de 40 années passées au même endroit: des opportunités d’évolution professionnelle et personnelle, qu’il s’agisse du lieu, du poste ou des responsabilités», a ajouté Mme Fournier. «En somme, pour réussir à recruter ces 15 millions d’enseignants manquants en Afrique subsaharienne, il faut agir sur ces deux leviers: attirer les jeunes et les moins jeunes vers le métier d’enseignant et les inciter à rester engagés et passionnés par leur profession», a-t-elle suggéré.

Selon Ibrahima Thioub, ancien Recteur de l’UCAD, un enseignant doit aimer sa vocation et être prêt à faire des sacrifices pour l’éducation des enfants. Face à l’ensemble des difficultés soulignées par les études, Hamidou Diédhiou du Sels, qui s’est félicité de ces travaux, estime que «l’action éducative doit être accompagnée de données fiables, de thèses et d’hypothèses scientifiques, comme cela a été démontré au cours des deux derniers jours».