Duudu Faal Ñaaña : un modèle de vie inspirant

6 juillet 2025

Qui a déclaré qu’en Afrique, lorsqu’un vieillard s’éteint, c’est comme si une bibliothèque entière sombrait dans l’oubli ? Qui mieux que notre héros du jour pour incarner avec brio cette sagesse ancestrale que prête le conteur guinéen Aamadu Aampaate Ba ? Sa vie riche de sens peut être résumée en un seul mot : un véritable exemple du bon Sénégalais.

Né dans une famille noble, il transmet aujourd’hui sans aucune trace de salissure le manteau de ses valeurs et de son héritage à ses descendants. La gravité de l’instant, la solennité de la cérémonie, les témoignages unanimes et le rassemblement qui s’est formé devant sa maison depuis l’annonce de sa disparition sont autant de témoins de l’impact social considérable qu’il a laissé derrière lui. En tant que fils de damel, dépositaire d’un héritage précieux, il a su porter cette responsabilité avec une intelligence rare. Tonton Duudu savait qu’au pied des arbres de fromagers de Mbul, où se tenaient autrefois les rassemblements pour désigner le roi du Cayor, une voix divine murmurait souvent aux oreilles des plus lucides, leur rappellant que leur rôle sacré exigeait humilité et sagesse. C’est cette compréhension profonde qui expliquait sa circonspection naturelle, cette capacité à se sentir à l’aise aussi bien avec les puissants qu’avec les faibles. Voilà ce qui distingue les grands hommes : cette aptitude à honorer chambellans et courtisans tout en restant fidèle à leur âme. C’était une marque de sa grandeur.

Passer un moment en compagnie de tonton Duudu, c’était comme ouvrir une porte sur une partie de notre histoire riche de noms légendaires : Jiili Mbay, Sëriñ seex Mbàkke Gaynde Faatma, Sëriñ Abdul Ahaad Mbàkke, Seex Saadibu Jóob… Des sages dont il faisait partie intégrante de l’entourage. Entre anecdotes savoureuses et précisions réelles sur les faits, le regard d’urbaniste expérimenté qu’il était permettait à ses interlocuteurs de se délecter de ses leçons, transformant chaque échange en une véritable master class.

Faal Maajoor, il était, et l’histoire de cet ancêtre, figure emblématique du clan des Géej, l’inspirait profondément. Sa dévotion exemplaire et son abnégation sans faille jusqu’au dernier souffle témoigna­naient de sa conviction que la parole humaine ne prend toute sa valeur que dans le respect et la patience. Il comprenait que pour laisser sa trace, il fallait faire preuve de volonté et d’endurance.

Père de famille naturellement affable et bienveillant, il n’établissait pas de distinction entre ses propres enfants, ses neveux ni ses nièces. À ses yeux, il incarnait pleinement la fonction de père social propre au matriarcat africain, cette solidarité si forte parmi les siens. Le fils de la sœur – un être si proche de nous, dont l’éducation nous incombe pour l’honneur de la « case maternelle » (néegu ndey) – a été pour lui une responsabilité à laquelle il a su répondre avec dévouement.

Il est désormais accueilli dans le panthéon de nos illustres figures pour constituer une identité nationale d’une beauté remarquable, gravée en lettres d’or dans l’histoire de notre récit collectif. De Gibraltar à Ngumba Ngéoul, de Mermoz à Paaleen, des générations entières aspirent à suivre humblement le chemin qu’il a tracé, car elles ont été façonnées par sa sagesse, sa droiture et ses valeurs.

Que la mémoire de Mouhamadou Doudou Fall soit glorifiée, et que son âme repose en paix.