L’issue tant attendue se fait encore désirer. Les auditions initialement annoncées pour vendredi dernier n’ont finalement pas eu lieu. Ces étapes cruciales dans l’affaire des 94 milliards de FCFA, qui cristallise l’attention nationale depuis plusieurs années, ont été reportées à cette semaine.
Selon des sources proches du dossier, les investigations reprendront au plus tard jeudi prochain à la Division des investigations criminelles (DIC), saisie du dossier par le parquet du Pôle judiciaire financier. Ces auditions, auxquelles est suspendue l’opinion publique, permettront de faire éclater la vérité sur un scandale qui continue d’alimenter les débats. Les membres de la famille Mbengue, principaux concernés par ce litige foncier historique, seront parmi les premiers convoqués pour livrer leur version des faits.
Les faits non encore élucidés pourraient impliquer, à terme, plusieurs dignitaires de l’ancien régime, des hommes influents et des particuliers. Ce dossier, l’une des affaires politico-judiciaires les plus marquantes au Sénégal, remonte à 1978 et porte sur une superficie initiale de 275 hectares, dont 267 immatriculés au nom des héritiers de feu Ousmane Mbengue et consorts. Opposant au départ les héritiers de Ousmane Mbengue à Djily Mbaye, un marabout influent et homme d’affaires décédé en 1991, l’affaire a, par la suite, pris une tournure politique lorsque Ousmane Sonko, alors opposant de Macky Sall, est intervenu en 2019, dénonçant une spoliation d’une famille modeste. Il a accusé des hauts fonctionnaires de l’État d’avoir facilité cette situation.
Dans cette affaire, deux anciens responsables de l’Administration foncière, Tahibou Ndiaye et Mamour Diallo, respectivement ex-directeurs du Cadastre et des Domaines, ont été mis en cause. Le 15 octobre dernier, les avocats des héritiers de Ousmane Mbengue ont déposé une plainte auprès du Parquet financier.
D’après les plaignants, partie civile dans ce dossier, qui se sont lancés dans une quête inlassable de justice et de transparence, le document révèle que « d’importantes sommes ont été détournées par des structures ou de tierces personnes, à l’insu des héritiers, avec la complicité de hauts fonctionnaires de l’État »