Moustapha Guirassy souhaite accélérer la mise en œuvre d’une refonte en profondeur du système éducatif sénégalais. Ainsi, un atelier visant à définir les grandes lignes et à stabiliser la planification de la réforme du curriculum a débuté jeudi dernier dans un hôtel situé à Diamniadio. Lors de la séance d’ouverture, le ministre de l’Éducation nationale a souligné que cet atelier s’inscrit dans une dynamique de transformation à la fois structurelle et éthique de l’enseignement au Sénégal. Il a précisé que cette initiative représente une étape cruciale pour jeter les bases d’une école repensée, capable d’accompagner une société éducative plus inclusive, équitable et mieux adaptée aux enjeux du monde contemporain.
Il a également rappelé que cette réforme du curriculum s’inscrit dans une vision stratégique ambitieuse : faire évoluer le modèle éducatif national vers une société où l’apprentissage est continu, accessible à tous, et soucieux de l’identité souveraine du pays. « Elle repose sur les piliers de notre planification nationale », a-t-il déclaré, citant la Vision Sénégal 2050, la Stratégie nationale de développement 2025-2029, ainsi que des initiatives telles que le New deal technologique, le projet « Nithé » (Nouvelle initiative pour une transformation humaniste de l’éducation) et la Lettre de politique sectorielle de développement. Il a également souligné que cette réforme est en parfaite adéquation avec les Objectifs de développement durable de l’ONU, notamment l’Objectif 4 relatif à une éducation de qualité.
Durant ces deux journées d’échanges, l’objectif est d’explorer en profondeur les bases politiques, éthiques et stratégiques qui doivent soutenir la réforme. Il sera également question d’analyser le mode de gouvernance, les modalités de coordination entre acteurs, et la feuille de route qui doit constituer un cadre évolutif d’actions progressives. La réflexion portera aussi sur l’importance d’instaurer une culture commune en faveur de la transformation du système éducatif, tout en favorisant une écoute active et un pilotage flexible et adapté aux réalités du terrain. Le ministre a exprimé sa satisfaction face à la mobilisation importante et diverse des acteurs engagés dans ce processus de changement.
Ce rassemblement de deux jours vise ainsi à remettre en question les fondements mêmes de l’école sénégalaise, afin d’établir une matrice d’actions concrètes en vue du renouveau attendu. Comme l’a souligné Pr Abdoullah Cissé, président du Comité scientifique chargé de la refondation, chaque gouvernement apporte son lot d’ajustements : révisions de programmes, nouveaux dispositifs, nouvelles injonctions. Cependant, malgré tous ces efforts et les moyens engagés, une interrogation fondamentale demeure : pourquoi les effets escomptés tardent encore à se manifester de manière profonde et durable ?
Ce moment critique de transition, a insisté le professeur, nécessite plus qu’une simple mise en ordre ; il exige une transformation véritable de la vision éducative. Il sera donc question de revisiter les finalités de l’éducation, les méthodes de relation et d’évaluation, ainsi que les conditions de la transmission des connaissances. La démarche implique un changement de paradigme : de nouvelles façons d’envisager l’acte d’éduquer, de penser les liens qui unissent l’école à la société.
Au plus haut niveau de l’État, la prise de conscience de cette nécessité de changement est désormais clairement affirmée. La réforme en cours vise à redéfinir la signification même de l’acte d’apprendre et d’enseigner. Pr Abdoullah Cissé a insisté sur l’importance de renouer le lien entre tous les acteurs de l’éducation : le savoir et l’enfant, le monde qui entoure, les familles, les enseignants, ainsi que les institutions. Il a souligné que si cette relation est rompue, l’école devient alors un lieu d’instruction déconnecté de sa réalité, où l’incarnation de ses valeurs est absente. « Oublier cela, c’est transformer l’école en un simple lieu de transmission de connaissances, sans âme ni sens », a-t-il averti, insistant sur la nécessité de faire de l’éducation un espace où la dimension humaine, culturelle et sociale reste centrale.