Diamniadio : Bassirou Diomaye Faye, président de la République, appelle à la valorisation de nos épistémologies traditionnelles

20 juillet 2025

L’université sénégalaise et ses programmes éducatifs, héritage de l’époque coloniale, nécessitent une refonte profonde afin de s’aligner sur la Vision Sénégal 2050, qui vise une transformation systémique complète du secteur. Lors du lancement des Concertations nationales sur l’Agenda national de transformation de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Antesri), qui s’est tenu au Cicad, le Président Bassirou Diomaye a clairement exprimé ce besoin. Il a souligné que, après 65 années d’indépendance, il est impératif d’envisager une université moderne, capable de faire face aux mutations actuelles tout en restant profondément enracinée dans la réalité locale. Selon lui, cette université doit être tournée vers les sciences contemporaines et adaptées aux défis du moment. Il a insisté sur le fait qu’elle doit être repensée en profondeur, refondée, voire réinventée, afin de répondre aux aspirations nationales, de soutenir le développement du pays et d’intégrer pleinement l’Agenda national de transformation. Il a aussi précisé que cette réforme ne doit pas se limiter à une simple révision des méthodes d’enseignement, mais doit transformer l’université en un levier stratégique pour renforcer la souveraineté, stimuler l’innovation et mener une transformation sociale significative.

Le leadership national considère qu’il est temps de regarder l’enseignement supérieur non seulement comme un lieu de transmission des connaissances ou de production scientifique, mais comme un instrument clé pour la souveraineté nationale, la créativité technologique et le changement social profond. Le président a ainsi évoqué la nécessité d’une régulation plus efficace de l’enseignement supérieur, en améliorant la qualité académique et en assurant une meilleure cohérence avec les besoins exprimés dans l’Agenda national de transformation. Il a souligné que, à ce jour, les cursus et compétences offerts par les établissements supérieurs ne sont pas majoritairement alignés sur les quatre axes prioritaires de cet agenda, ce qui constitue une lacune importante.

Pour façonner l’université de demain, le chef de l’État insiste également sur l’intégration et la valorisation des savoirs endogènes, longtemps mis de côté dans les programmes. Il a affirmé que : « L’heure est venue de mettre en valeur nos propres épistémologies, notre mémoire collective, nos sciences, nos arts et notre capacité à penser par nous-mêmes. » Cela représente un acte d’affirmation de souveraineté scientifique et culturelle, qui conférera à l’enseignement supérieur un rôle central dans le développement durable du pays. Il a précisé que cette transformation doit concerner tous les niveaux de l’enseignement supérieur et de la recherche, allant des universités aux laboratoires, en passant par les Ufr, les centres d’incubation et autres structures. Selon lui, l’université sénégalaise doit faire face à une multitude de défis, tels que : l’état des infrastructures, le taux d’étudiants, la problématique des curricula, le financement ou encore la digitalisation. Il a exprimé l’attente de résultats concrets suite à ces concertations, qui ont débuté le lundi précédent et doivent durer cinq jours.

Le président de la République a aussi dénoncé le décalage existant entre les faibles taux de réussite aux universités et les budgets consacrés aux œuvres universitaires. Il a indiqué que, malgré des efforts significatifs de la part de l’État malgré un contexte budgétaire difficile, les œuvres universitaires consomment une part importante du budget du ministère de l’Enseignement supérieur, soit 46 %. Cela limite les fonds disponibles pour la recherche ainsi que pour le développement académique. Il a mentionné que l’investissement annuel par étudiant s’élève à 1 million 118 mille 738 francs, mais malgré cette dépense considérable, le taux d’abandon scolaire et le taux de réussite restent alarmants. Il a également critiqué le fonctionnement actuel de l’examen du premier diplôme universitaire, ainsi que l’organisation de l’Office du Bac comme étant des freins importants. Il a souligné qu’en amont, le baccalauréat et cet office doivent bénéficier d’une réforme en profondeur, notamment en ce qui concerne le taux élevé d’échec à cet examen, qu’il qualifie d’anomalie nationale.

De plus, plusieurs intervenants ont évoqué en amont les nombreux chantiers prioritaires dans différentes universités du pays. Lors de son discours, le président Faye a promis une réponse rapide pour lancer la rénovation de ces infrastructures. Il a précisé : « Conformément à mes instructions en Conseil des ministres le 27 novembre 2024, un plan d’urgence sera rapidement mis en œuvre pour mettre en chantier les infrastructures universitaires essentielles, afin qu’elles soient réceptionnées dans les plus brefs délais. » Le président a également insisté sur l’instabilité chronique qui affecte le calendrier universitaire, cause d’un coût financier estimé à 40 millions chaque année, soit environ 400 milliards de francs sur la dernière décennie. Il a rappelé que le respect du calendrier académique est crucial pour garantir la qualité de la formation, assurer une organisation efficace des cours et examens, et pour réduire les dépenses superflues. Il a ainsi appelé à une correction profonde de cette situation. La gestion de cette problématique, ainsi que celle d’autres, font partie intégrante des Concertations nationales, qui ont pour mission de définir un nouveau cap pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation dans le cadre de l’Antesri.