Diagnostic par biopsie d’une koromaquerie : tout ce qu’il faut savoir

14 juillet 2025

L’amour que l’on porte à la République de Ndoumbélane peut devenir une source de malaise lorsque l’on refuse de recourir à la satire pour la critiquer. Et ce mal-être est d’autant plus renforcé par la fragilité du système sanitaire, qui dissuade même de tomber malade. Il n’est pas nécessaire d’élaborer des concepts compliqués pour aborder la réalité : passons directement au vif du sujet, car le malaise est palpable. Il s’agit toujours des mêmes schémas avec Koromak, et seul son cercle restreint semble ne pas en voir la répétition. Le leader, contrarié, décharge sa colère sur la foule des victimes de ses décisions, tandis que sa cohorte prend plaisir à alimenter la violence, créant ainsi un bain de sang. Finalement, il n’aura rien ordonné ; les petits gens, ou « goorgoorlus », responsables de leurs actes, prennent la responsabilité de la situation, et l’influence réelle est quasi inexistante, n’est-ce pas ? Ce sont principalement ses amis, jeunes quelque peu impulsifs, qui agissent par frustrations et désespoir. Les intérêts français, la RTS, la TFM, la DGE, le Conseil constitutionnel, la police, la gendarmerie nationale, la Cour suprême, la magistrature, l’armée… presque tout le monde a, à un moment ou un autre, conspiré contre lui. On est d’accord, ou alors on devient l’ennemi, et en prime, on récolte la haine.

Le silence de Koromak face à l’insolence

La voix de Koromak est si peu écoutée qu’il n’est même pas obligé de rappeler à ses fidèles qu’il est inacceptable d’insulter la première institution du pays. Cependant, cela ne concerne que ses proches, comme Ngundu, dont le décret impérial a été remis en cause par un Premier ministre connecté à de jeunes distributeurs de substances de courte durée, qui donnent quelques moments de jubilation à des citoyens, eux aussi avec des familles, voire des enfants en âge de se marier. Lors du cas du Watchacha, ces jeunes qui injuriaient en ligne n’étaient autre que des déçus, frustrés par la gestion du pays. Leur mécontentement était compréhensible, puisqu’ils ressentaient que la République ne retrouvait sa dignité que lorsqu’elle se pliait à ses caprices.

Derrière la chute de l’ennemi et les manœuvres politiques

Aujourd’hui, l’ennemi mortel, qui a causé la mort de jeunes Sénégalais en vertu de la déclaration de Koromak et à cause d’une dette colossale de 5000 milliards, affectée à un projet ostentatoire et peu utile, n’est plus là. Mais il faut encore des cibles pour masquer les insuffisances et les promesses non tenues. Ainsi, on discrédite discrètement la figure du président, qui n’agit pas selon ce que Koromak aurait estimé être la bonne marche, pour donner le sentiment d’une certaine incompétence à délaisser la gouvernance effective. Cette tactique permet de différer la responsabilité de ses propres échecs, puisque c’est l’absence de gouvernance qui est privilégiée, plutôt que son incapacité réelle.

Le rôle hypothétique du chef de l’administration

Étrangement, Koromak occupe la position de chef de l’administration, en plus d’être, en théorie – ou selon certains, en pratique – le chef de la seule institution capable de contraindre l’exécutif, à savoir l’Assemblée nationale. Son parti occupe une place centrale dans la machine d’État, mais, paradoxalement, il n’exerce pas réellement le pouvoir, même s’il avait affirmé le faire lors de déclarations publiques. Lorsqu’un processus ne fonctionne pas, la responsabilité n’en revient jamais vraiment à lui, mais à ce qu’il désigne comme « le système » ou « le dragon », ces pouvoirs qu’il prétend manipuler ou contrôler et qui, selon lui, le relèveraient de leur influence pour faire de lui un être d’une puissance absolue. On pourrait assimiler cette attitude à celle du Gojo Satoru, version Ndumbélanaise, incarnant cette République magnifique mais en pratique fragile.

Une posture en fin de règne

Sa posture, dépourvue d’humour mordant, rappelle à quelques exceptions près celle de Watchacha aux moments de fin de règne. En colère contre tout et tout le monde, il paraît même las, au point de vouloir précipiter la fin de son mandat. Pourtant, Koromak, son excellence, n’est qu’à quatorze mois de son terme. Il répète sans cesse que la République doit refléter la personne qui la gouverne (une affirmation largement discutable, comme beaucoup d’autres de ses propos), mais pour y parvenir, encore faut-il en définir concrètement le contenu, à l’instar de Maodo, la référence en la matière ? Il est vrai qu’il a « théorisé » le système, un concept énigmatique et symbiotique, qui change en fonction des positions qu’il adopte. Pour façonner une « République alternative », il faut une grande synergie, un réveil matinal. Mais pour désincarner la vraie République à midi, il suffit d’une dose bien dosée de koromaquerie, cette fidèle pratique de Koromak.