Bien que le campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ait été fermé le 10 août dernier, le couloir central, surnommé le « couloir de la mort », cet axe majeur qui conduit au campus pédagogique de l’Ucad, continue d’entretenir une certaine vitalité grâce à la persistance des cours assurés par les étudiants de la Faculté des lettres et sciences humaines.
Sur le campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le « couloir de la mort », que, à l’aube, les pas des étudiants de toutes les facultés résonnaient en cadence, se présente ce mardi 12 août 2025 dans un calme marqué. Quelques vendeurs et des demandeurs de services de photo-minute apportent toutefois un souffle ténu à travers leur présence. Du côté de l’entrée qui donne face à l’école vétérinaire, ces personnes occupent seules cette portion du couloir qu’ils partageaient autrefois avec les agents de sécurité du Centre des oeuvres universitaires de Dakar (Coud). Ici, les étudiants se font rareté. Il faut revenir sur ses pas vers l’entrée principale, en face du monument Cheikh Anta Diop, afin d’y accéder à la direction du Coud. La fermeture du campus social est bien effective, comme en témoignent des vigiles. « Le campus est fermé. Les travailleurs du Coud ne sont pas là », lance l’un des agents. Inutile d’insister : ces préposés à la sécurité tiennent leur position. L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a bel et bien fermé ces portes depuis le 10 août.
Pourtant, cette réalité observée au niveau du campus social contraste avec celle qui prévaut néanmoins dans le « couloir de la mort ». Ce dernier semble conserver, en partie, son ambiance d’autrefois grâce à la présence de certains étudiants de la Faculté des lettres et sciences humaines. L’une des plus importantes de l’Ucad, ce temple du savoir, poursuit ses cours jusqu’au 20 août prochain. Tout est mis en œuvre pour éviter une rupture dans le déroulement des activités pédagogiques, explique le doyen de la faculté, Mamadou Bouna Timéra. L’objectif de cette décision, dit-il, est de rattraper le temps perdu afin que l’année académique ne soit plus encastrée dans l’année civile. La majorité des étudiants qui fréquentent encore cette faculté se trouvent dans les départements de géographie, de sociologie et d’arabe. Ibrahima Faye fait partie de ces étudiants. Il est inscrit en Licence 1 de sociologie.
La fermeture du campus social décriée
Rencontré à l’entrée de la faculté, il paraît pressé. Il venait suivre un cours de sociologie politique et constate que la plupart de ses camarades de classe sont absents. Au bâtiment Ousmane Sembène de ladite faculté, certains étudiants, assis sur les bancs publics, reprennent leurs cours tandis que d’autres s’affairent dans les kiosques pour des photocopies.
Aminata Baldé, étudiante en Licence 1 de philosophie, déclare apprécier la poursuite des cours. Toujours au sein du même alignement, à l’intérieur du bâtiment Ousmane Sembène, des étudiants s’activent autour du service pédagogique. Mouhamadou Hacime Kandé, en Licence 1 arabe, déplore la fermeture du campus social. « Tous les jours, je quitte le quartier Nord Foire pour venir à la Faculté. D’ailleurs, des camarades qui n’ont pas de famille d’accueil à Dakar ont préféré rentrer chez eux », affirme-t-il. Il précise que certains de ses camarades doivent trouver refuge à l’École supérieure polytechnique (Esp). « Pour moi, dix jours, c’est gérable. La fermeture du campus social aurait pu intervenir le 20 août. À présent, je reviens de cours, mais beaucoup d’étudiants sont absents, faute de logement. Seuls deux étudiants étaient présents en salle. Finalement, le cours a été annulé par le professeur », déplore notre interlocuteur.
Amath Diallo, la tête inclinée sur un cahier, attire l’attention. Interrogé au sujet du prolongement des cours, M. Diallo déplore l’absence de certains professeurs. Un avis que ne partage pas le doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines. M. Timéra affirme la poursuite des cours et précise même que les examens du second semestre sont prévus en octobre prochain.