Comment un ancien malade mental, sorti de l’hôpital psychiatrique, peut-il retrouver sa place au travail, au sein de la famille ? Cette ancienne militaire qui a retrouvé son esprit raconte son histoire d’ex-psychiatrisé.
Pendant 14 années, la vie de cette ancienne militaire en service au 12e Bataillon d’Instruction au camp militaire de Bargny, a sombré dans la démence. Une maladie psychique qui a transformé, en 2009, la vie de la jeune militaire domiciliée à Maka Kahone (dans la région de Kaolack) en un véritable enfer. Fatou avait 21 ans. Malheureusement avec cette maladie, le rêve de la jeune fille, dont l’unique ambition était de faire carrière dans l’armée, est brusquement tombé à l’eau, après moins d’une année de service entre les camps militaires de Bango et de Bargny.
Les efforts déployés par ses supérieurs hiérarchiques et ses parents n’y feront rien. Aujourd’hui, la patiente guérie revient sur cet épisode sombre de sa vie, la voix basse. «Juste après mon recrutement dans l’armée, j’ai sombré dans la dépression, en plein regroupement. Mes supérieurs hiérarchiques se sont vite mobilisés pour me permettre de retrouver la santé. Et continuer mon travail. J’ai été internée dans plusieurs structures sanitaires de Dakar, comme à l’hôpital Principal où j’ai suivi des traitements pendant plus de 8 mois», se remémore l’ancienne la soldate de 35 ans, ans des propos repris par L’OBS.
Mais rien n’y fera. Désappointée et sur conseils des psychiatres, sa mère se tourne vers les tradipraticiens. Mane Sarr, mère de Fatou : «Pendant des années, j’ai fait le tour des tradipraticiens les plus réputés de la zone. J’y ai dépensé toutes mes économies.» En vain. Aujourd’hui, après 14 ans de maladie, Fatou a pu retrouver sa santé mentale grâce au centre de Suivi et d’Assistance aux malades mentaux d’Ansoumana Dione de Kaolack. Mais elle regrette beaucoup ses écarts dus à ses moments de démence.
«J’ai causé beaucoup de douleur à ma famille. Notamment à ma belle-sœur à qui j’ai, une fois, fracturé une jambe. Ma mère me rappelle toujours que je ne cessais de m’attaquer avec violence aux membres de ma famille. Ce que je ne compte plus refaire de ma vie», confesse l’ancienne soldate.
«De Sdf fou, je suis devenu aujourd’hui, un homme réconcilié avec la société »
Fatou Diouf n’est pas la seule patiente à avoir recouvré la santé. Le quinquagénaire Mamour Diop. Un ancien commerçant du populeux quartier «Dialègne» de Kaolack. «De Sdf fou, je suis devenu aujourd’hui, un homme réconcilié avec la société», sourit-il d’emblée. Pendant plus de 5 ans, cet homme qui a sombré dans la folie, après avoir convolé en noce, en 2018, errait dans les rues de Kaolack.
Gagné par la folie, Mamour Diop avait fini par abandonner parents et épouse. Il dormait à la belle étoile et vivait de mendicité. Ne pouvant supporter la démence de son époux, sa femme, leur unique enfant sous le bras, le quitte. Aujourd’hui guéri, l’ancien pensionnaire du centre de suivi et d’assistance aux malades mentaux, ne souhaite que deux choses : reprendre son épouse et son enfant afin de fonder un foyer et reprendre ses activités de commerce. Au quartier Dialègne de Kaolack où on le retrouve, l’homme a repris des couleurs.
« Je rends grâce à Dieu et remercie l’équipe de ce centre de même que les médecins psychiatres du district sanitaire de Kaolack qui m’ont permis de retrouver la raison. Car, pendant plusieurs années, j’ai abandonné mère, épouse et enfant pour la rue. J’étais devenu un SDF. Seulement je reconnais que je n’agissais pas de mon plein gré. C’est la folie qui me poussait à agir de la sorte», fait savoir Mamour Diop qui explique sa démence comme la résultante d’une pauvreté extrême devenue insupportable pour lui.