Comment le football m’a permis de rencontrer des frères et sœurs à travers le monde

25 juin 2025

Du coiffeur de Salah au professeur d’anglais, de Luis Díaz, des tribunes de Munich aux rues de Paris, chaque rencontre m’a enseigné une vérité fondamentale : le football ne juge pas, il relie.

Il existe dans ce sport des émotions qui dépassent les mots, des sentiments si intenses qu’ils ne peuvent se résumer par des expressions ou des discours. Ceux que l’on éprouve au sein d’un stade de football, entouré d’une foule en délire, en sont une illustration parfaite. Le football n’est pas simplement une activité sportive ; c’est un véritable langage universel, une culture partagée, parfois même une foi — mais avant tout, c’est un vecteur de lien. Un lien puissant qui unit des peuples, des générations, des traditions.

Ce que j’apprécie dans le football, ce n’est pas uniquement la grâce d’un geste technique ou la précision d’une tactique bien pensée. C’est plutôt cet instant précis où des inconnus, venus de tous horizons, chantent ensemble, s’étreignent ou vibrent en harmonie. C’est cette fraternité spontanée, sincère, qui naît dans les tribunes, ou dans un bar éloigné, à l’autre bout du globe. Peu importe la couleur de peau, la religion ou la langue parlée : quand le ballon commence à rouler, tous ces détails s’effacent, laissant place à une unité inébranlable.

J’ai eu la chance de parcourir presque tous les grands stades d’Europe, et partout j’ai pu expérimenter ce phénomène merveilleux : la rencontre humaine. Des Américains, des Chinois, des Australiens… qui sont devenus de véritables amis. Ces liens se tissent souvent dans une tribune, dans un hall d’hôtel ou sur une place animée lors d’un match. Avec eux, j’ai partagé des moments d’émotion profonde, des éclats de rire, des débats passionnés, et parfois même des histoires incroyables.

Une anecdote me vient en mémoire : c’est dans une loge VIP que j’ai rencontré le coiffeur de Mohamed Salah, un homme modeste, sincère et chaleureux. J’ai aussi échangé avec le chef cuisinier d’Alisson Becker, le gardien brésilien, qui m’a confié sa passion pour la nutrition et la tactique. À Londres, j’ai dîné avec le professeur d’anglais de Luis Díaz, qui m’a raconté avec enthousiasme la soif d’apprendre du joueur colombien. Lors d’un autre événement, j’ai longuement discuté avec le conseiller en communication de Roberto Firmino, un homme à la vision claire, convaincu que le football peut devenir un outil de paix et de partage culturel.

Mais parmi tous ces souvenirs précieux, l’un des moments les plus marquants que j’ai récemment vécus s’est déroulé à Munich, lors de la finale de la Ligue des Champions. L’ambiance y était électrique, mais également empreinte d’une fraternité sincère. Des supporters issus de différentes nations, de cultures variées, chantaient ensemble, partageaient un repas, une bière, un souvenir. Ce soir-là, dans cette ville en fête, je ressentais profondément la puissance mystérieuse du football. Pas celle du trophée ou de la compétition, mais celle de l’union humaine, de l’émotion commune, celle qui dépasse les différences.

Je garde aussi en mémoire cette soirée magique à Paris, après la victoire du PSG. Les rues vibraient au rythme des chants. En arabe, en français, en anglais, des hymnes s’élevaient dans le ciel nocturne. Des enfants, des grands-parents, des fans venus d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine, tous réunis dans une même joie. La diversité s’effaçait devant cette euphorie partagée. Il n’y avait plus de distinction, seulement une humanité en liesse.

Dans un monde souvent marqué par les divisions et les conflits, le football demeure l’un des rares espaces où tout le monde peut se retrouver. Il n’efface pas forcément nos différends, mais il montre une autre voie possible. Il nous rappelle que ce qui nous rassemble est souvent plus puissant que ce qui nous oppose. Il est un témoignage vivant de notre capacité à créer du lien, même dans la plus grande diversité.

Ce sport m’a offert énormément : des souvenirs impérissables, des rencontres inattendues, et cette conviction profonde que, au fond, l’humain cherche toujours à se connecter avec l’autre. Tant qu’il y aura des stades, des chants, des regards échangés entre supporters de continents différents, le football restera à mes yeux ce qu’il a toujours été : une célébration vibrante, universelle, vivante de l’humanité dans toute sa richesse.

Bassirou Sakho est Conseiller Sportif.