Serigne Saër Fall, présumé auteur du Bus attaqué au cocktail Molotov à Yarakh a fait face au juge de l’immigration hier dans le New Jersey, après plusieurs mois de détention.
Ouvert vendredi passé, le procès de Serigne Saër Fall avait été ajourné pour appel à témoins fait par son avocat. Selon Les Echos, il était question hier d’entendre I. Mbengue, professeur d’université et Dame Fall, proche parent du détenu. Dame Fall, citoyen mauritanien naturalisé Américain, a tour à tour répondu aux questions de l’avocat de la défense et du représentant du Bureau du Conseiller juridique principal du département de l’Intérieur.
Dame a bénéficié de la protection de l’Etat américain lorsque, dit-il, il avait été victime de persécutions en Mauritanie. Des persécutions, selon lui, basées sur son appartenance politique, mais aussi ethnique. Selon Fall en effet, la discrimination raciale est toujours actuelle en Mauritanie.
De plus, ce cousin de Saër, la cinquantaine, a expliqué au juge que le rapatriement de son jeune parent vers la Mauritanie sera synonyme d’arrestation. «Les autorités mauritaniennes l’arrêteront une fois en Mauritanie puisqu’ils ouvriront une enquête pour savoir les conditions dans lesquelles il a reçu le passeport», assure-t-il.
Me Craig Relles, l’avocat de la défense, a ajouté que la Mauritanie a signé des accords avec le Sénégal et a donné l’exemple de Juan Branco. Me Relles a aussi proposé au tribunal d’entendre le professeur I. Mbengue qui dans son témoignage a insisté sur l’image de Saër Fall. Une fois rapatrié au Sénégal, assure ce dernier, il serait vu comme étant un terroriste et cela aura aussi des conséquences, même dans son insertion socioprofessionnelle.
Le département de l’Intérieur balaie les arguments de la défense et parle d’amnistie
Des arguments balayés par le département de l’Intérieur qui, s’appuyant sur le changement de contexte politique au Sénégal, a demandé l’extradition de Saër. Car, dit-il, il n’y a plus de risque pour Saër, suite à la loi d’amnistie et, d’autre part, que le Pastef où il milite est au pouvoir. Pour son extradition en Mauritanie, la Sécurité intérieure a aussi déclaré qu’il n’y aurait pas de risque, puisque Saër n’a jamais été persécuté dans le passé en Mauritanie, ni pour son ethnie ni pour son affiliation politique. Il a par ailleurs rappelé la lettre du FBI qui a enfoncé Saër Fall. Verdict le 2 mai.
Suspecté dans l’affaire du bus incendié à Yarakh, il avait fui en Mauritanie et s’était procuré un passeport de ce pays avant de se rendre aux Etats-Unis où il fut arrêté. Durant 2 tours d’horloge, les robes noires ont plaidé pour le maintien ou pour l’extradition de Fall. Deux témoins ont assisté au procès sur demande de l’avocat de la défense. Verdict le 2 mai prochain.