Soreto, un petit village, face à deux postes de santé : une controverse en pleine expansion
Dans le village de Soreto, situé dans le département de Bakel, au sein de l’arrondissement de Kéniéba et de la commune de Sadatou, de vives polémiques ont émergé récemment. La principale source de discorde concerne la construction d’un nouveau poste de santé sur un site situé dans un dioura, c’est-à-dire un lieu d’orpaillage artisanal, qui se trouve également à proximité d’une rivière. La plupart des habitants et des autorités locales sont en désaccord avec cette initiative, soulevant de nombreuses questions et incompréhensions. L’autorité religieuse du village, Abdoulaye Keïta, l’imam local, ne cache pas sa colère et exprime son mécontentement avec fermeté : « C’est inconcevable ce que les autorités locales ont réalisé. Comment peut-on accepter la construction d’un poste sur un endroit aussi mal choisi ? »
Il poursuit en décrivant les mauvaises conditions d’accès lors de la saison des pluies, car le site est traversé par une rivière rendant l’accès difficile, voire impossible. « En plus, ce poste est érigé sur un dioura, ce qui est problématique. Et ce qui ajoute à l’absurdité, c’est que le site retenu initialement, qui accueille déjà une case de santé depuis 2018, est en pleine phase de travaux pour être transformé en véritable poste de santé. C’est inadmissible, surtout que ce site a toujours été pratique et accessible », déplore-t-il.
Ce dernier précise que, selon les instructions du médecin-chef du district de Kidira, des efforts considérables ont été consentis pour faire de cette case de santé un poste opérationnel. « Depuis 2018, nous y investissons, avec plus de 40 millions de francs déjà dépensés sur place. À cela s’ajoutent 4 millions de francs investis dans l’achat de matériels médicaux. Le médecin-chef du district nous avait confié que l’objectif était d’agrandir et d’équiper convenablement la structure. C’est pourquoi notre engagement a été total. »
Cependant, Abdoulaye Keïta se sent aujourd’hui trahi : « Tout ce que nous avons fait jusqu’à présent semble avoir été ignoré. Nous n’avons reçu aucune explication, et voilà qu’un mécène construit un nouveau poste sur un site que nous dénonçons. » Il ajoute avec insistance : « Cela nous choque profondément et cela divise la communauté. En tant que responsable religieux, je me dois de m’indigner et d’appeler à une réaction immédiate de la part des autorités centrales, afin de résoudre cette situation qui devient problématique. »
Le village a toujours bénéficié d’un accès facile à la case de santé, et la population y venait régulièrement. La structure a été agrandie pour répondre aux normes sanitaires requises et tout cela a mobilisé des dizaines de millions de francs, dans une volonté d’améliorer les services de soin pour les habitants. « Tout cela a été réalisé dans la transparence et la concertation, et c’est seulement au début de l’année 2025 que la structure a été officiellement promue en poste de santé, après d’importants travaux d’extension », explique l’imam.
Aujourd’hui, Abdoulaye Keïta s’interroge et demande des clarifications : « Pourquoi vouloir déplacer ce poste si soudainement ? Quelles motivations cachent cette décision ? D’où proviennent ces 200 millions de francs que l’on nous affirme avoir dépensés pour la construction du nouveau poste ? »
Il exprime également sa déception face à ce qu’il qualifie de division orchestrée par certains acteurs locaux : « Soreto est aujourd’hui fracturé par cette initiative. Personnellement, j’ai déjà investi plus de 42 millions de francs dans le site initial, construisant un bâtiment R+1 destiné à la médecine, un autre pour le laboratoire, ainsi que des logements pour le personnel médical et la maternité. » Il raconte avoir été profondément surpris lorsque, le 19 juin dernier, la nouvelle de l’inauguration d’un nouveau poste a été annoncée, mais sur un autre site. « C’est une situation très regrettable, et je tiens à avertir : si le médecin-chef du district ou le sous-préfet de Kéniéba prennent des décisions unilatérales semblables, ils seront responsables de toutes les conséquences futures », prévient-il, tout en renouvelant son appel à une intervention rapide des autorités supérieures afin de mettre fin à cette crise.
En parallèle, le sous-préfet de Kéniéba a été contacté par téléphone pour commenter cette affaire. Il affirme que le poste de santé de Soreto figure bien sur la carte sanitaire de la région, mais il rejette catégoriquement les accusations de l’imam. « Il serait ridicule de refuser un don destiné à renforcer le système de santé de notre région », explique-t-il. Le sous-préfet reconnaît cependant que l’imam de Soreto a effectué plusieurs œuvres de bienfaisance dans la zone, ce qui témoignerait d’un intérêt sincère pour le bien-être communautaire.
Il insiste sur le fait que toutes les actions entreprises ont pour but d’éviter des tensions inutiles : « Nous œuvrons pour que la stabilité et la paix prévalent dans cette localité. » Concernant la localisation du nouveau poste de santé, l’officiel affirme que le généreux donateur a construit « un ouvrage de franchissement sur la rivière, aménagé pour que le poste ne soit pas situé dans une zone de conflit ou un couloir d’orpaillage, notamment au-dessus d’une galerie. » Lorsqu’on lui demande ce qu’il pense des allégations selon lesquelles des agents de santé auraient organisé une rencontre pour défendre le choix du premier site comme étant le meilleur, il réagit en qualifiant cette démarche de « sabotage. »
Il conclut en annonçant continuer à œuvrer pour la réconciliation et la transparence, tout en espérant une résolution claire et rapide de cette crise qui divise profondément le village de Soreto.