Arts visuels : Hugues Diaz appelle à réactualiser la loi du 1% pour dynamiser le secteur artistique

29 octobre 2025

La loi 6802 du 4 janvier 1968, aussi appelée loi du 1%, a pour vocation d’insérer l’art dans les constructions publiques au Sénégal en imposant que 1% du coût des travaux soit alloué à la décoration artistique. Malgré son rôle central, son application se heurte à des obstacles. À l’occasion de l’ouverture de la Saison artistique, qui marque le début des manifestations à la Galerie nationale d’art, Hugues Diaz, directeur des Arts, a ramené l’attention sur ce texte et plaidé pour sa réactualisation.

La loi 6802, promulguée le 4 janvier 1968 et couramment désignée comme la loi du 1%, vise à favoriser l’intégration de l’art dans les édifices publics du Sénégal. Elle prévoit qu’un programme de décoration artistique doive être intégré à tout projet de construction ou d’équipement d’un bâtiment public financé en tout ou partie avec des fonds publics. Or, selon le directeur des Arts, l’application de ce dispositif demeure problématique. Il rappelle l’importance capitale de cette loi et soutient sa pérennité. D’après lui, l’article premier précise que tout projet de construction ou d’équipement d’un bâtiment public financé par l’État, une collectivité locale ou un établissement recevant du public, et dont le coût dépasse 20 millions de francs à l’époque, doit nécessairement comporter un programme de décoration artistique. Le cadre du texte établit que le montant alloué à l’artiste s’élève à 1% du coût des travaux. Aujourd’hui encore, il constate qu’on ne peut pas réellement décrire l’application concrète de cette loi, qui demeure pourtant pertinente et utile.

Le directeur des Arts était intervenant lors du lancement de la saison artistique de la Galerie nationale d’art, ce jeudi. Cette cérémonie a débuté par une conférence publique intitulée : « Arts visuels au Sénégal : quelles politiques publiques pour booster le sous-secteur ? », animée par M. Diaz. Selon ses propos, des efforts ont été consentis pour appliquer la loi du 1% lors de la construction des structures destinées à soutenir le Sommet de l’OCI en 2008 à Dakar, avec l’octroi de centaines de millions de francs CFA aux artistes. Il rappelle qu’en bâtissant les grandes infrastructures devant abriter ce sommet, des ponts et passerelles ont été décorés et que les créateurs avaient bénéficié de fonds importants. Cette expérience montre que la loi porte bien ses ambitions et qu’il est nécessaire de la réactualiser et de faire en sorte que les pouvoirs publics la mettent en œuvre.

Pour une stratégie nationale de développement des arts visuels
Reprenant les échanges de la conférence publique portant sur le thème : « Arts visuels au Sénégal : quelles politiques publiques pour booster le sous-secteur ? », Hugues Diaz esquisse plusieurs pistes de travail, mettant l’accent sur le renforcement de la gouvernance et la coordination institutionnelle. Il appelle à l’élaboration d’une stratégie nationale de développement des arts visuels, avec des objectifs clairs et un système de suivi-évaluation impliquant les professionnels du secteur dans les choix décisionnels. Par ailleurs, il prône une restructuration économique du secteur, grâce à des mécanismes de financement innovants et adaptés aux besoins des artistes et des structures culturelles. À cela s’ajoutent le mécénat et le sponsoring soutenus par une fiscalité adaptée au secteur, ainsi que le développement des infrastructures et des circuits de diffusion, et l’investissement dans la réhabilitation et la création de musées, de galeries d’art et de centres culturels.

ambodji@lequotidien.sn