Les déclarations de Cheikh Oumar Diagne lors de sa conférence de ce week-end ont provoqué une vive réaction, en particulier au sein de la communauté mouride. Face à la polémique, il a souhaité clarifier ses propos dans une publication que voici, en intégralité :
« Allah, dans son moushaf, s’adresse aux personnes douées de raison. Les paroles des gens doivent être analysées et comprises en fonction de leurs auteurs, et non à travers notre propre interprétation; c’est cela la sagesse.
Le tassawouf est une doctrine, une méthode fondée sur la recherche permanente du savoir, l’amour du prochain, la paix et la solidarité. Ceux qui manipulent et fomentent des troubles ne font résolument pas partie de ce groupe élitiste !
‘Cum regere’ signifie ‘corriger’, mais peut aussi être compris comme ‘diriger avec’, dans le cadre d’autres interprétations à développer sur un texte. Je ne peux retirer aucune virgule des productions de nos pieux devanciers, car ils occupent des stations auxquelles nous n’avons pas accès et dont nous ne connaissons pas les réalités et les goûts.
Toute œuvre humaine est, par nature, incomplète et améliorable dans le temps et l’espace. C’est là, d’ailleurs, le rôle des moujadid qui apportent de nouvelles compréhensions et interprétations des textes existants. Critiquer un savoir ne signifie ni le désavouer, ni le réfuter; c’est, au contraire, consolider sa dimension scientifique pour en bâtir de nouveaux savoirs.
Tous les saints viennent après les prophètes, les meilleurs êtres de la création, suivis par les compagnons bénis… Nos valeureux maîtres seraient certainement satisfaits de voir leurs travaux évoluer sur des sujets qu’ils n’ont pas pu traiter. C’est ainsi que progresse la science et la connaissance.
Pour conclure, je suis soufi, de la confrérie tijane, et j’insiste sur le fait que nos maîtres possèdent une dimension intellectuelle qui mérite d’être discutée afin de faire avancer l’économie de la connaissance. Je suis consterné de voir des personnes s’offusquer à l’idée que nos maîtres soient des êtres humains imparfaits et que leurs œuvres soient, sous l’angle de la science souveraine dont Allah est l’unique détenteur, incomplètes.
Qu’Allah protège ce pays, et que la paix soit sur les personnes dotées d’intelligence, car ce sont elles que je visais lors de ma dernière conférence. »