Alla Sène Gueye met en garde contre les effets du gel sur les chantiers du BTP

23 août 2025

Lors de sa participation à l’émission Champ contre Champ, diffusée sur la RTS, Alla Sène Gueye, président de la Fédération nationale des industries du Sénégal (FNIS) et affiliée à la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES), a exposé une analyse approfondie et structurée de la situation économique et budgétaire du pays.

Il a notamment mis en évidence les effets pervers de l’arrêt des chantiers dans le secteur du BTP, la faible exécution des investissements publics et le maintien de dépenses de fonctionnement jugées excessives dans certaines administrations.

Selon lui, les autorités nouvellement en place ont gelé plusieurs projets de construction et entamé des renégociations sur certains contrats en cours. Bien que ces choix visent à assainir les finances publiques et à maîtriser les engagements budgétaires, ils portent néanmoins des répercussions économiques significatives, surtout pour un secteur aussi crucial que le BTP.

« Le BTP est un moteur fondamental de notre économie. Quand on suspend les chantiers, des milliers d’emplois directs et indirects disparaissent, et des entreprises qui avaient déjà du mal à tenir le coup se trouvent confrontées à de grandes difficultés, notamment en raison des retards répétés de paiement de l’État », a-t-il insisté.

Un budget de 1 900 milliards de francs CFA, mais une mise en œuvre déséquilibrée

Pour l’exercice en cours, le budget de l’État est fixé à 1 900 milliards de francs CFA. Cependant, à mi-parcours, seuls 580 milliards ont été alloués à l’investissement public, avec un taux d’exécution qui ne dépasse pas 30 %, selon les chiffres avancés par l’économiste. En revanche, les dépenses de fonctionnement affichent déjà un taux d’exécution d’environ 50 %, ce qui, selon lui, traduit une gestion déséquilibrée et peu orientée vers le développement.

« Le train de vie de l’État n’a, en réalité, connu aucune inflexion. Les mesures de rigueur budgétaire semblent s’appliquer exclusivement à l’investissement, au détriment de la croissance et de l’emploi », a regretté le président de la FNIS.

Un appel à une réorientation stratégique

À travers cette intervention, Alla Sène Gueye exhorte les autorités à rééquilibrer véritablement la politique budgétaire, en recentrant les priorités sur l’investissement productif, en particulier dans les infrastructures, plutôt que de maintenir des charges de fonctionnement jugées excessives.

Sa prise de parole se fait l’écho d’un avertissement : « sans un changement profond dans la conduite des finances publiques, les promesses de redressement économique risquent de rester sans effet, et les secteurs stratégiques, comme le BTP, pourraient en payer le prix sur le long terme. »