Propulsée sous les projecteurs par les révélations d’une enquête menée par la Division des Investigations Criminelles (DIC), sous l’ordre du parquet financier, Tabaski Ngom intrigue. Inspectrice du Trésor et désormais au cœur d’accusations lourdes, cette femme à la trajectoire singulière dévoile deux facettes : l’une façonnée par une enfance rurale, forgée dans la résilience, et l’autre, marquée par une personnalité complexe.
Depuis plusieurs jours, son nom occupe les colonnes de la presse nationale. Arrêtée sur requête du parquet financier pour des accusations de détournement de fonds publics et de blanchiment de capitaux, elle est désormais au cœur d’un scandale d’État. Présentée hier, mardi, devant le parquet financier aux côtés de Momath Ba, ex-directeur général de l’Aprosi, elle a été renvoyée à la Dic pour complément d’enquête.
Si Tabaski Ngom est désormais associée à une affaire tentaculaire de transactions douteuses, sa vie est aussi celle d’une ascension marquée par le travail acharné et la ténacité. Originaire d’un village reculé, elle a gravi les échelons avec une détermination inébranlable. La seule image qui persiste d’elle dans les médias est celle d’un sourire figé, évoquant une époque révolue.
Née il y a environ quarante ans dans la commune de Ndiob, au cœur du Sine, Tabaski Ngom a grandi dans un environnement modeste. Soutenue par l’affection de sa famille, elle a suivi un parcours scolaire sans faute. Après avoir obtenu son brevet au Cem T de Diourbel, elle décroche son baccalauréat série L en 1998 au lycée Cheikh Ahmadou Bamba.
Elle s’installe ensuite à Dakar pour intégrer la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), poursuivant ses études de droit avec ambition. Déterminée à réussir, elle franchit chaque étape avec brio, jusqu’à décrocher une place à l’École nationale d’administration (ENA). Un accomplissement qui témoigne de sa rigueur et de son dévouement.
« Très réservée, mais toujours concentrée sur ses études », témoigne un ancien camarade de classe. À l’université, où elle était connue sous le prénom de Madeleine, elle brillait par son sérieux et son travail acharné. « Elle passait ses examens sans difficulté et a obtenu sa maîtrise en droit avec distinction », ajoute-t-il dans les colonnes de L’Observateur.
Une carrière marquée par des tensions
Une fois sortie de l’ENA, Tabaski commence sa carrière comme inspectrice du Trésor. Elle intègre d’abord le Bureau Opérationnel de Suivi du Plan Sénégal Émergent (PSE). Cependant, selon L’Observateur, son parcours professionnel est rapidement entaché de tensions avec ses supérieurs.
En 2021, elle est affectée à l’Aprosi. Mais là encore, ses relations avec les collègues s’enveniment. D’anciens collaborateurs décrivent une femme « difficile à gérer », souvent en conflit avec ses supérieurs, mais aussi avec son environnement de travail. Son départ de l’Aprosi en 2024, après plusieurs désaccords, marque une étape décisive dans sa carrière.
Malgré ces critiques, Tabaski Ngom est aussi connue pour ses engagements sociaux. Ses proches dressent le portrait d’une femme généreuse, profondément attachée à ses racines. « Elle partageait beaucoup avec ses proches et retournait régulièrement dans son village », confie un ancien camarade à L’Observateur.
L’annonce de son arrestation a choqué ceux qui l’ont connue. « Je n’arrive pas à croire qu’elle soit impliquée dans de telles accusations. Pour moi, c’est incompréhensible », affirme un ami d’enfance. Il rappelle l’importance de la présomption d’innocence et appelle à attendre les conclusions de l’enquête.
L’avenir de Tabaski Ngom, suspendu à un fil, reste incertain.