Si « médecin conscient » a déclenché la tornade sur la toile contre la vendeuse de suppositoires, ce sont en revanche, les inspecteurs de l’Agence sénégalaise de la réglementation pharmaceutique (Arp) qui ont conduit à l’arrestation de Alima Fall alias Bbei Lyma et ses complices. La chasse aux vendeuses de produits pour fesses a démarré véritablement le 21 janvier 2025. Ce jour-là, les agents du commissariat de Guédiawaye, après inspection, ont alerté les docteurs Aminata Diop et Yankoba Coly, tous Inspecteurs en pharmacie à l’Agence sénégalaise de la réglementation pharmaceutique (Arp), de l’existence d’un trafic de suppositoires destinés à augmenter les fesses, via le réseau social « TikTok ». Ils indexaient la dame Bbei Lyma comme étant le cerveau de ce commerce. Selon les docteurs en pharmacie, ces suppositoires présentent un danger pour la santé publique, provoquant même l’hospitalisation de plusieurs patientes en réanimation suite à leur utilisation. Au cours de l’enquête préliminaire, les deux inspecteurs en pharmacie ont été entendus par les policiers-enquêteurs.
La vidéo envoyée à l’Arp et qui a tout déclenché
Inspecteur en pharmacie relevant de l’Inspection pharmaceutique de la surveillance du marché et des vigilances, son travail consiste à faire appliquer les lois et règlements relatifs à la santé publique. Cette affaire s’accélère quand une vidéo dans laquelle Bbei Lyma faisait la publicité de suppositoires pour avoir des rondeurs au niveau des fesses et des seins, au Marché Zinc de Pikine, dans le complexe « Batola », a été envoyée au Directeur général de l’Agence sénégalaise de la réglementation pharmaceutique (Arp), Alioune Ibnou Abatalib Diouf. Ce dernier a ainsi chargé Yankoba Coly et Aminata Diop de faire des investigations par rapport à ce fléau. L’Observateur révèle que les deux inspecteurs reçoivent des ordres de mission pour collaborer avec le commissariat central de Guédiawaye afin d’interpeller tout individu impliqué dans cette affaire. Ce qui a conduit à l’arrestation des sept mis en cause.
Dans ses explications, Yankoba Coly explique aux policiers que l’utilisation de ces produits peut entraîner des problèmes digestifs (nausées, maux de ventre, perturbation du transit intestinal, allergies, problèmes cardiovasculaires). L’Observateur précise que certains compléments peuvent affecter la pression artérielle ou le rythme cardiaque, surtout s’ils sont consommés en grande quantité. Concernant l’autorisation de vente des médicaments pharmaceutiques, il explique qu’il faut une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM). Et pour les compléments alimentaires, il faut une autorisation de commercialisation délivrée par l’Agence sénégalaise de réglementation pharmaceutique (Arp).
La découverte de faux médicaments pour fesses dans la boutique de Bbei Lyma
Après avoir expliqué les détails de cette mission ayant conduit à l’arrestation de Bbei Lyma et ses employés, l’inspectrice en pharmacie Aminata Diop a expliqué que, pour pouvoir vendre un médicament, il faut avoir une autorisation de création et une autre pour l’exploitation, délivrée par le ministre de la Santé. Ensuite, il faut s’inscrire à l’Ordre des pharmaciens chaque année. Elle révèle que les médicaments sont distribués au Sénégal par quatre distributeurs agréés que sont : Ubipharm, Sodipharm, Laborex et Duopharm. L’Observateur ajoute que, par contre, le complément alimentaire peut être vendu à tout endroit, mais il faut, néanmoins, avoir au moins une autorisation de commercialisation du produit. Dans les produits saisis à la boutique, elle confie avoir trouvé des médicaments et compléments alimentaires. Devant les enquêteurs, elle dit que, même si les médicaments sont en bon état, ils n’ont pas le droit de les commercialiser. Ajoutant que durant l’inspection, ils ont trouvé dans la boutique de Bbei Lyma de faux médicaments destinés aux dames pour la croissance des fesses, hanches et seins. Plus grave, Aminata a constaté que les médicaments ne sont pas bien conservés. Elle révèle aux enquêteurs que la vente de produits pharmaceutiques est exclusivement réservée aux pharmacies agréées, conformément à la loi n°23-06 du 13/06/2023 relative aux médicaments, aux autres produits et à la pharmacie.
Les risques pour la santé des femmes
Aminata Diop et Yankoba Coly ont également souligné que l’utilisation des produits sur les parties génitales des femmes entraîne un déséquilibre de la flore vaginale, ce qui augmente le taux d’infection. L’Observateur rapporte que l’infection répétitive chez la femme peut entraîner le cancer, si l’infection atteint les voies hautes. « L’utilisation des anabolisants entraîne la simulation des hormones. Cette utilisation nécessite un suivi médical. À défaut, l’utilisateur risque de rencontrer des problèmes cardiaques (AVC, Arythmie) », a-t-elle fini de diagnostiquer. Les enquêteurs ont également révélé que certains compléments alimentaires peuvent entraîner des surcharges nutritionnelles et que l’excès de certaines vitamines ou minéraux peut provoquer des effets indésirables, comme des problèmes hépatiques ou rénaux. Ils peuvent aussi entraîner des interactions médicamenteuses, ce qui peut réduire leur efficacité ou augmenter les risques d’effets secondaires.