Après plusieurs semaines d’alertes, la mafia des vendeurs de suppositoires pour fesses, communément appelés « boulettes », a été démantelée hier, lundi. Selon L’Observateur, sept individus, dont la très médiatisée Alima Sow, alias Bbei Lyma, célèbre sur le réseau social TikTok, ont été interpellés lors d’une perquisition menée par la police.
Depuis longtemps, les appels à l’action se multipliaient sur la toile. Parallèlement, la liste des victimes ne cessait de s’allonger. Des victimes qui, chaque jour, remplissent les cabinets médicaux avec des cas d’une gravité extrême : écoulements de pus, infections généralisées, nécroses et, dans certains cas, des complications mortelles. Un spécialiste de la santé cité par L’Observateur a récemment tiré la sonnette d’alarme : « Nous recevons des femmes avec des gangrènes fessières nécessitant un débridement au bloc. Nous extrayons le pus et les tissus nécrosés à la main. Elles ressortent défigurées, ayant perdu jusqu’à 80 % de leur volume fessier. »
Au cœur de cette tragédie se trouvent des femmes prêtes à tout pour se conformer à des standards de beauté imposés. Sur les réseaux sociaux, ces produits dangereux, surnommés « boulettes », connaissent un succès viral. Ils sont promus par des individus sans formation médicale, mais dotés d’une habileté à manipuler. Ces pseudo-expertes en esthétique utilisent des publications soigneusement mises en scène : vidéos accrocheuses, faux témoignages et promesses de transformations rapides. Tout est mis en œuvre pour séduire des jeunes femmes en quête de confiance en elles et d’acceptation sociale.
L’Observateur rapporte que la situation a mis à rude épreuve la responsabilité des autorités sanitaires et sécuritaires. Mais hier, après une enquête minutieuse, la police a mis fin à ce commerce frauduleux. Tout a commencé par une information transmise au commissariat central de Guédiawaye. Selon L’Observateur, le 21 janvier 2025, des docteurs pharmaciens, notamment Aminata Diop, Yankoba Coly et Moussa Diallo, ont alerté le ministère de la Santé sur la prolifération de ces produits. Munis de ces renseignements, les enquêteurs ont infiltré le réseau et identifié les principaux acteurs impliqués.
La figure centrale de cette affaire, Bbei Lyma, était devenue une véritable icône sur TikTok grâce à ses vidéos promettant des transformations corporelles miraculeuses. Forte de milliers d’abonnés, elle avait su exploiter cette popularité pour bâtir un commerce illégal. Une vaste opération d’inspection a été immédiatement lancée, mobilisant une équipe mixte composée des pharmaciens Aminata Diop et Yankoba Coly, d’agents de la brigade de recherches et de la Sûreté urbaine de Guédiawaye, ainsi que des policiers des commissariats de Pikine et Thiaroye.
Selon les informations recueillies par L’Observateur, l’équipe s’est rendue au marché Zinc, présumé épicentre de cette activité illicite. Sur place, dans la boutique de Bbei Lyma, trois agents commerciaux, toutes des femmes, ont présenté aux enquêteurs divers produits, notamment des pommades pour fesses vendues à 20 000 FCFA l’unité. À côté, d’autres commerces proposaient également des sirops, compléments alimentaires et pommades similaires. L’inspection s’est poursuivie dans le magasin de Habousse Ndiaye, où des produits similaires ont été trouvés.
Au terme de l’opération, sept personnes ont été arrêtées : Pape Ibrahima Gueye, Seynabou Gassama, Alima Sow, Binetou Diouf, Moussou Gassama, Maty Ndiaye et Habousse Ndiaye. Selon L’Observateur, tous ont été placés en garde à vue au commissariat central de Guédiawaye. Ils devraient être déférés aujourd’hui devant le tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye.